Avec les bébés, c'est spontané : nous nous touchons. Mais au fil du temps, combien de contacts physiques sont petit à petit remplacés par des demandes, des informations et des conseils ? La relation se déplace du corps à la tête. On produit de plus en plus de lois, de moins en moins de liens. Est-ce que l'intimité physique s'érode, quand l'enfant grandit ?
Il y eut le peau à peau, le portage, le nourrissage au corps à corps.
Aujourd'hui, nous cododotons ponctuellement - pour le plaisir - et lisons, lovés-serrés au fond du canapé douillet tous les jours. Mes deux enfants (10 et 11 ans) s’assoient encore spontanément sur mes genoux pour un gros câlin, et j'espère que cela durera toujours. Est-ce que cela dure toujours ? Derrière ce désir, il y a mon besoin à moi, celui de la mère qui a besoin d'être rassurée dans son intégrité - je suis une sorte de matrice sur pattes, haha, englobante et contenante. Le toucher est le seul sens réflexif, qui profite au toucheur comme au touché ... 😏
Le vrai challenge est de rester en contact aussi longtemps que nos enfants ont besoin d'être touchés par nous. Le langage courant est d'ailleurs explicite. Ne dit-on pas : "Vous êtes proches" ou "Nous avons perdu le contact" ?
Antonin m'a appris dès sa naissance que le contact physique est une véritable thérapie émotionnelle. Face aux émotions débordantes, mais aussi à la maladie, quand "rien ne va plus", quand je me sens dénuée de mon rôle, impuissante, le câlin est notre remède universel. Oh, dans notre cas, il est souvent précédé d'une sorte de lutte molle, très symbolique d'ailleurs, mais la lutte, c'est du toucher aussi. C'est amusant, du reste, car cette phase de résistance tend à disparaitre au fur et à mesure que les forces physiques de mon fils s'accroissent ... Il ne veut pas risquer de parvenir à me repousser ! 😄 Il m'a d'ailleurs dit un jour : "Quand je ne vais pas bien, je fais tout pour écarter les autres, mais c'est parce qu'en fait, j'ai vraiment besoin qu'on vienne vers moi."
(Ceci est notre expérience à nous, mais je sais que certains enfants refusent vraiment d'être approchés en cas de crises. C'est évidemment un besoin à respecter, comme le décrypte cet article de Apprendre à éduquer.)
En tous cas, dans ces cas-là, c'est le contact qui me rend pleinement mon rôle. Je n'ai pas la solution, je ne peux pas guérir, mais dans la parenthèse de tendresse, je redeviens juste un parent - tout simplement. ❤