Je suis sujette au stress de la vie moderne. 😏
Cela se manifeste très clairement dans mon corps : je sens une tension monter, comme un taux vibratoire qui agiterait toutes mes cellules - de plus en plus vite, de plus en plus fort. Cela peut me prendre à n'importe quel moment, dans ma vie de famille, au travail, lors d'une réunion ... Sans raison apparente, souvent, je mets à mobiliser une énergie inutile, trop élevée, qui me rend fébrile et me fatigue. Les effets en sont durables - par exemple, je peux avoir du mal à m'endormir le soir qui suit. Je sens vraiment les cellules du mon corps qui s'agitent, comme les atomes d'une eau en ébullition !! 😄
J'ai conscience de cela depuis plusieurs années, et j'y travaille. Pour apaiser ce que j'appelle cette "agitation vibratoire", j'ai déployé des outils qui fonctionnent plutôt bien :
- L'imagerie mentale. Je m'imagine plongée dans des sources chaudes naturelles, au cœur d'un cadre enchanteur. Montagnes bleutées, vastes ciels, flux de vapeur douce ... La chaleur enveloppe mon corps et apaise le mouvement de mes atomes corporels ... 🌊
- Un mantra. Je ne sais pourquoi, il m'est venu en anglais, et c'est toujours en anglais que je me le répète : Make it simple. Dès que je sens que je commence à faire des nœuds à mon cerveau (c'est fréquent ...), dès que je passe trop de temps sur une tâche, par perfectionnisme acharné, dès que je sens que j'accorde de l'importance à un évènement qui n'en a pas, je brandis le Make it simple. C'est une formule courte, qui fait barrière au ressac cérébral. C'est une formule musicale, aussi : Make it simple, make it simple ... Ça chante et ça respire, dans mon esprit. 🙏
- Mais en réalité l'outil le plus efficace est certainement le plus simple. Il consiste simplement à voir cet état de fébrilité naissante comme un signal. Le signal de quoi ? Et bien, neuf sur dix, il est le signal que je suis en train de vivre une transition.
Du lever au coucher, en passant
par tout se qui se passe entre les deux (!), tout n'est que transitions -
et chaque transition est une petite épreuve, un équilibre menacé, qu'il
s'agit de rectifier. Chaque transition entre une activité et la suivante est un pas : on perd ses appuis
en levant le pied, il faut le reposer au plus vite, sous peine de
chuter. Et passer d'une activité et la suivante (disons : rentrer du travail et aider les enfants à faire leurs devoirs) nécessite un retournement complet
de mon esprit, de mon corps et mon âme. Pas étonnant que cela agite mes cellules dans tous les sens, finalement. 😊
Les transitions d'une activité à une autre peuvent créer du chaos et des tensions dans la vie quotidienne en général et dans la vie de famille en particulier. J'y suis particulièrement sensible, mais je crois ne pas être la seule, sous mon toit. J'ai remarqué que le moment où nous nous retrouvons le soir, après avoir vécu chaque sa journée, était sensible, par exemple. Est-ce que parce que nous avons besoin d'un temps d'ajustement pour passer de notre vie "perso" à notre vie commune ? Paradoxalement, ce sont des moments qui peuvent générer une certaine mauvaise humeur chez les uns ou les autres, alors que nous sommes tous, très fondamentalement, tellement heureux de nous retrouver ... Étrange ...
C'est une problématique qui me préoccupait beaucoup lorsque mes enfants étaient tout petits, ça, les transitions. Mais je m'aperçois qu'elle reste nodale en moi avec de grands enfants, des pré-ados, et avec les autres adultes de mon entourage. Mon taux vibratoire a une furieuse tendance à s'agiter lors des transitions que vit le groupe d'humain dans lequel je suis, quel qu'il soit ! 😅 J'ai une sensation de rush, je brusque les choses, ou je me sens brusquée, ou je me sens débordée - particulièrement quand il faut passer d'une ambiance à une autre.
En règle générale, j'ai beaucoup de mal à me poser, à me reposer, à ne rien faire - j'ai toujours trois mille trucs à enchaîner, et une liste dans ma tête des dix prochaines actions à réaliser. Si j'ai cinq minutes devant moi - fait rare ! - vite : il faut que je les exploite ! Nous ne partons que dans cinq minutes ? Youpi, je vais pouvoir répondre à ce mail ou à ce texto, ou laver cette marmite, ou plier cette pile de linge ... D'ailleurs, si je pouvais faire les trois (oui, oui, en cinq minutes !), ce serait encore mieux. Car après, je pourrai peut-être me poser, me reposer, ne rien faire ... Utopie. Bien sûr. Car ce qui se passera après, je le sais : j'enchainerai sur la suite. Ranger le linge dans les armoires "en passant", vite, vite, et puis photocopier ce document dont j'ai besoin pour demain, et puis passer un petit coup de fil (rapide !) à cette amie qui ...
Il est très difficile pour moi de ne "rien" faire, et j'ai bien identifié que cette agitation permanente était un moyen extrêmement efficace pour créer le chaos. En moi et autour de moi. Est-ce que vous connaissez ça ?
Lorsque je parviens à identifier que je suis en train de vivre une transition, je suis fière de moi - car ce n'est pas facile. Et j'identifie du même coup, que j'ai besoin d'une pause. Une pause entre le retour de l'école et les devoirs. Une pause entre la fin du repas et le débarrassage.
Une pause ? Mais enfin, vous n'y pensez pas !! Je n'ai pas le temps de faire des pauses !! Avez-vous conscience de la quantité phénoménale de choses que j'ai à faire avant ce soir ??? 😆
J'ai découvert un truc incroyable - vous n'allez peut-être pas me croire. J'ai remarqué que faire des pauses ne nous mettait jamais en retard. Je crois que le temps est élastique. Si mon taux vibratoire est bas, il
passe lentement. Si je m'agite, il passe plus vite. Si, si, j'en ai même
eu la preuve tangible, un jour que j'étais coincée en voiture sur la
rocade embouteillée, et que je stressais d'être en retard à un
rendez-vous important. Je déteste être en retard ! J'ai réussi à me
calmer je ne sais comment, et je suis arrivée à l'heure. Pourtant,
techniquement, si j'en crois la petite horloge numérique de mon tableau
de bord, c'était strictement impossible. Mais le temps a ralenti en même
temps que mon esprit ...
Une pause d'accord, mais pour quoi faire ? Comment fait-on une pause, déjà ? Je crois bien que je ne sais plus faire ...
Je suspecte quelque chose : pourquoi les fumeurs fument-ils ? Je ne
crois pas qu'ils souhaitent se suicider. 😊 Je pense que la cigarette est
un moyen pour eux de faire une pause entre deux actions. D'ailleurs,
quand on y pense, un fumeur qui fume respire - et a une
relation particulière à sa respiration pendant 5 minutes. 😏 Dommage que
cela soit cancérigène, il faudrait réussir à faire pareil sans mégot au
bec ... 😄
Heureusement pour notre santé, il existe d'autres manières de s'offrir une transition. Boire un verre d'eau ou une tisane. Lire un chapitre. Se brosser les dents (ben, pourquoi pas ?). Regarder vivre ses proches.
Vivre avec des enfants donne chaque jour une belle leçon sur l'essentiel. Ils nous enseignent à prendre quelques instant pour admirer un joli caillou, faire un détour sur le chemin de l'école, ou s'étirer au soleil. Ils nous demandent de nous arrêter : "Maman, REGARDE !!". L'enfant, à 18 mois, comme à 9 ans, a besoin d'être observé. Lorsque je ne sais pas quoi faire de ma pause, je me demande si quelqu'un autour de moi a besoin d'être observé ? Écouté ? Aidé ?
Antonin travaille ne ce moment sur un jeu de rôle, et il est tellement radieux quand je lui annonce que je suis prête à tester sa dernière quête ! Louiselle s'initie à la vie sauvage, et passe son temps à tailler des pierres, faire du feu, fabriquer des outils, confectionner un pagne en feuilles du jardin, et elle est ravie de m'enseigner ses techniques. Mon homme bosse un nouveau morceau au piano, vient d'entamer un nouveau livre, un nouveau jeu vidéo ...
Donner mon attention à mes proches entre deux activités de la vie est une vraie manière de me ressourcer, parce que je m'oublie quelques minutes. Je suis dans mes sources chaudes, et au milieu des vapeurs résonne le Make it simple. Et puis, si personne n'a besoin de ma présence, très bien : je me concentre sur le chat, les poissons rouges, ou mes plants de salades. Eux aussi ont besoin d'être observés ! 😄
C'est particulièrement efficace au sein de la vie de famille, mais décalcable dans n'importe quel environnement - au travail, par exemple.
La première transition de ma journée, et pas la moins délicate, c'est le réveil. Depuis quelques années, je me réserve les cinq premières minutes de la journée pour transitionner entre le monde des rêves et celui des activités diurnes. Je règle mon réveil cinq minutes plus tôt. Cinq minutes, hein, pas cinq heures. 😅 J'ai testé une année le miracle morning, et j'ai fini sur les rotules. Ce n'est clairement pas pour moi !! 😅 Cinq minutes de sommeil en moins, par contre, ne me manquent pas, mais ces quelques minutes dans mon lit le matin m'apportent beaucoup. Je prends le temps d'émerger, de prendre la "température" de mon état d'esprit tout neuf. Et je lis quelques pages. J'adore ça, ça me réveille tout aussi efficacement qu'un petit café, cela donne une "couleur" à ma journée, et j'ai l'impression de faire quelque chose pour moi dès le réveil, rien que pour moi. Je suis plus détendue ensuite pour me préparer et veiller à la bonne marche des multiples rituels du matin.
D'ailleurs. Mes deux enfants se réveillent à présent tout seuls ; ils règlent leurs réveils à l'heure qu'ils jugent confortable pour eux. Et vous savez quoi ? Tous les deux sont partisans du lever tôt. Ils n'ont rien d'autre à faire le matin que de s'habiller et de déjeuner - la douche est prise le soir. Ils pourraient se préparer en 5 minutes chrono. Pourtant Antonin a besoin de 50 minutes pour glandouiller, papoter, déguster une troisième tartine et se préparer très tranquillement. Il aime être en avance à l'arrêt de bus pour retrouver ses amis. Louiselle a besoin de 40 minutes pour lire. Le petit déjeuner et le coup de peigne doivent lui prendre 30 secondes en tout et pour tout. 😄
J'ai un petit jeu avec moi-même. Il s'appelle : "Attends encore un peu." 😊
Il faut que je prépare le dîner ? Oui, et comme je suis très (trop) carrée dans ma tête, je sais qu'il faut que je commence à telle heure pour qu'on puisse passer à table à telle heure. Vraiment ? 😉 Et si j'attendais cinq minutes, est-ce que le ciel me tomberait sur la tête ? J'essaie : jusqu'à présent, il n'est jamais tombé, nous mangeons généralement "à l'heure" - et je reviens au fait que le temps est élastique. J'attends, délibérément, cinq minutes avant de lancer la cuisson du riz. C'est volontaire, et pendant ce temps, je regarde mes salades pousser au potager à travers ma fenêtre. Ce type de challenge (pour moi, c'en est un !) est comme un jeu malicieux ente moi et le temps : que se passera-t-il ? Je regarde l'horloge - non, non, les cinq minutes ne sont pas encore passées ... Je m'absorbe dans la contemplation de mes salades avec application ... Et cela me fait rire intérieurement, toute seule, dans ma cuisine. Mon taux vibratoire est toujours bien bas, dans ces moments-là. ❤
Attendre, pour faire quelque chose, la dernière minute (ou disons l'avant-dernière, hein, il ne faut pas trop m'en demander non plus !) : pour certains, c'est inné, et je les envie ! Pour d'autre, c'est un apprentissage - mais franchement, c'est marrant. On se retrouve dans une sorte de corps à corps sensuel avec le temps qui passe - quelle sera ma limite ? Quand vais-je craquer et finalement réparer ce fichu pique-nique pour la balade de tout à l'heure ? Quelle est l'heure parfaite pour partir sans arriver en retard - mais pas en avance non plus, ha ha ! C'est super ludique, et ça donne une épaisseur incroyable au temps qui passe.
Autrement plus incroyable que si j'avais plié mon linge ou vérifier mes mails, en tout cas.
Un coureur dans les starting-blocks n'ouvre pas son téléphone pour consulter sa messagerie. Il vit un instant de vide avant de s'élancer vers autre chose. Imprimer ce document à la va-vite ne va pas transformer ma journée de travail. Plier cette pile de linge à toute vitesse ne va pas faire de ma maison un lieu plus agréable à vivre. Répondre à une amie entre deux tâches ne va pas nourrir notre relation. Mais regarder pousser mes salades, peut-être. C'est une manière de me préparer au petit saut qui va suivre - plonger dans le moment des devoirs, du repas, ou du coucher.
Éliminer tout ce qui peut être fait à la va-vite entre deux activités, c'est vaincre le chaos.
Accepter les transitions pour ce qu'elles sont, c'est distiller une relaxation profonde chez chacun des membres de la communauté. C'est vrai en réunion professionnelle, et c'est vrai dans la vie de famille. Et en se couchant le soir et en se remémorant sa journée, on s'aperçoit souvent que ce sont justement ces moments-là qui ont été les plus vivants. ❤
J'ai adoré lire cet article :-D Je me suis retrouvée totalement dans ce que tu décris, et le lire jusqu'au bout, plutot qu'en diagonale, m'a ... apaisé. C'est très inspirant. Merci !
ReplyDeleteOh merci pour ce retour, Céline, et merci de m'avoir lue !!
DeleteC'est un article écrit un peu "à l'aveuglette" - j'avais un furieux besoin de parler de ça, mais j'avais le sentiment d'avoir été un peu brouillon ... Je suis vraiment heureuse si mon ressenti trouve des échos dans le monde, ça m'apaise, moi aussi !! <3
Quelle coïncidence amusante, je suis justement en train de lire un livre sur le yoga et plus particulièrement sa respiration, qui rejoint tout à fait ce point de vue: nous avons besoin de ces pauses pour nous nourrir, d’air, d’énergie, pour ramener l’équilibre (quel qu’il soit) que nous négligeons par peur de « perdre du temps ». Et ma mère, fervente adepte, ne cesse aussi de me le répéter, le temps est élastique 😄. Courir après le fait fuir ! Étant quelqu’un de contemplatif par nature, je suis sans problème ce précepte, mais je remarque dans mon entourage, surtout parisien, que la tendance est à l’optimisation, à la productivité, à la course: le « temps mort » doit servir, utilement de surcroit. Et ce petit coup de fil de cinq minutes entre deux activités, j’en suis généralement la récipiendaire et je confirme: ça ne nourrit pas une relation, au contraire, l’impression d’être casée entre deux corvées se ressent et ne laisse à mon sens pas le temps ni l’occasion à un vrai échange. Bref, courir après le temps nous fait perdre de vue tout le reste et nous vide. Les enfants le savent dans leur innocente sagesse: la contemplation d’un caillou ou d’un nuage vaut toutes les piles de linge pliées 😉
ReplyDeleteD’ailleurs Myazaki expliquait dans une interview que le tempo si particulier et magique de ses films était du à ces fameuses respirations: des moments de contemplation, sans action aucune. Un peu comme dans Kiki, quand le film s’ouvre sur l’héroine qui regarde le ciel pendant un long moment, transition nécessaire avant qu’elle ne décide d’entamer sa grande aventure vers l’âge adulte…
DeleteMerci pour ton témoignage, Juliette, je t'admire, tu fais partie de ces gens chez qui cela me semble inné ! Que c'est beau !! <3
DeletePuis-je te demander quel est ce livre sur le yoga que tu es en train de lire ? Ca m’intéresse ...
Oh, la réflexion sur Miyazaki me parle bien, je vais (re-re)regarder ses films d'un autre œil ... ;-)
J'adore votre analyse de ce stress de la vie moderne. Je le comprends et m'y reconnais. "Make dit simple" deviendra mon nouveau mantra 😊 Merci pour vos articles ❤
ReplyDeleteJ'espère qu'il vous aidera autant que moi, Garigo ! <3
DeleteElsa, merci pour cet article complet que j'ai lu avec plaisir en entier, en faisant une pause au travail. Il resonne beaucoup en moi. Moi aussi, je suis sujette à l'envie d'optimiser au maximum le temps de ma vie, et parfois même celle de mon mari et de mes enfants. J'ai remarqué aussi, que le rythme frénétique et l'enchainement d'actions que je m'impose produit une énergie en moi que je ne contrôle pas parfois et ça fini souvent par des scènes où je suis décalée par rapport aux autres membres de ma famille, car j'enchaine des tâches, j'ai des buts, des plans, je finis par leur faire des reproches de ne pas suivre mes actions. Bien sûr, et heureusement, ils protestent, parfois ça fait vraiment mal de voir que tout ça aurait pu être évité, si seulement je me serais posée 5 minutes pour enlever les choses de la liste pas si nécessaires que ça, si j'avais accepté certaines imperfections, j'aurai épargné le stress pour moi et ma famille. Je garde précieusement cette idée de 5 minutes de pause et Make it simple et je vais essayer de les mettre en place dès aujourd'hui! Bonne semaine chez vous!
ReplyDeleteA mon tour de me reconnaitre dans votre témoignage ! ;-)
DeleteQuel bonheur de faire une pause ... J'ai vraiment appris (ou plutôt : je suis en train d'apprendre) à goûter ce plaisir ... C'est le rapport tout entier à la vie qui est transformé ... <3
Il s’agit d’ « Apprendre à souffler » de François Gautier, trouvé dans ma bibliothèque de quartier :) Il explicite les techniques et enjeux du pranayama, un peu catalogue mais pour une novice telle que moi c’était intéressant.
ReplyDeleteMerci pour ta réponse, Juliette ! <3
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