Râler , c'est mon choix !

December 26, 2020

 
Moi, j'aime pas les défis. Ni les challenges, ni les résolutions de Nouvel An.
 
Pour dire le vrai, j'ai gardé le livre J'arrête de râler plus de trois ans au fond d'un tiroir sans l'ouvrir, et son  concept même m'agaçait.

Arrêter de fumer. Arrêter d'être débordé. Arrêter de grignoter. Arrêter de procrastiner. Faites une recherche Goggle en tapant "arrêter de", et vous verrez qu'il y en a des choses qu'on souhaite nous faire arrêter ! Une injonction à "arrêter" quelque chose, c'est toujours une injonction à "être" autrement, n'est-ce pas ? Il convient donc de se méfier ... 😒

Si je choisis d'arrêter quelque chose, en m'appuyant sur l’expérience d'autres personnes qui l'ont fait avant moi et me font bénéficier de leur parcours, je veux d'abord être sûre que je n'y perds aucun petit bout de moi en chemin - et que cela ne me prive d'aucune liberté.
 
La liberté, voilà : je suis libre de râler, non ? Et si je choisis de râler, moi, dans ma vie ? Si je décide que c'est l'attitude qui me caractérise le mieux, et un moyen d'accomplir ce que je suis ?? Hein ? D'abord ?

Alors, aujourd'hui, je vous propose de me draper dans toute la mauvaise foi dont je suis capable, d'aiguiser mon esprit de contradiction le plus obtus et de me faire l'avocat du diable. Histoire de vérifier que le jeu en vaille la chandelle, en quelque sorte. Et je proclame :
 
"Je râle et j'en suis heureuse. Je ne vois pas pourquoi je changerai.
 
Râler, c'est mon choix !"
 
( Hihi, on dirait le titre d'une certaine émission de la fin des années 1990 :"C'est mon choix : je râle et j'aime ça". 😄😄😄 )
 
Dès que j'ai formulé les choses ainsi, j'ai senti que ce n'était pas tenable ... Mais pourquoi ... ? Il a fallu que je m'observe en situation de râlerie pour comprendre ... J'ai alors constaté que dans 100 % des cas, je râlais de manière totalement spontanée, sans l'avoir choisi. Râler est chez moi un réflexe conditionné, un acte in-interrogé. 
 
À aucun moment, face à un problème, je me dis : "Tiens, là je choisis de râler, c'est une stratégie qui me semble efficace dans la situation présente." ! 😄
 
Quand je râle, je ne suis pas libre. Je subis ma râlerie, qui me tombe dessus, s'impose, prend toute la place et m'écrase au passage. Je subis ma râlerie qui coupe la communication au moment même où mon besoin le plus profond, c'est justement de communiquer.

Première révélation sur le chemin de l'avocat du diable : 

Râler n'est pas un choix librement exécuté. 

Quand on râle, on n'est pas libre.


Mais aussitôt, la petite voix de la mauvaise foi a protesté avec cet argument massue : 

"Oui, mais enfin : si j'arrête de râler, mon fils ne mettra jamais ses chaussettes au sale (et ce n'est certainement pas à moi de le faire !!)"

Là encore, j'ai pris quelques jours pour examiner cet argument en situation, et j'ai constaté un truc incroyable (révélation n°2 😊) :

Râler est totalement inefficace.

 
Car enfin, depuis le temps qu'on râle sur notre fille qui ne tire jamais la chasse d'eau, le problème devrait être réglé, non ? Non. Du tout. Râler, dans le cas présent, a exactement le même effet que si nous nous juchions sur le toit pour chanter. Que dis-je ? Se jucher sur le toit pour chanter serait très certainement suivi d'effets, dans notre cas concret. Alors que râler : non.

(Alors, oui, bien sûr, râler peut, dans certains cas, provoquer une action immédiate : m'entendant râler, mon fils s'empresse de ramasser les Legos qui trainent dans l'escalier. Il le fait, non pas en construisant une habitude durable, mais pour fuir l'onde de négativité que  je suis en train de déverser sur la famille. D'un point de vue éducatif, c'est moyen, mais je constate surtout ce truc étrange : l'onde de négativité ne meurt généralement pas, même lorsque les Legos ont été rangés. 
 
Note pour moi-même : Tout le contenu de cette parenthèse devra être examiné dans un article futur. 😉)
 
La question devient donc :

Pourquoi s'acharner à râler 

si c'est une non-stratégie 

- qui plus est, inefficace ???

 
Veuillez noter que je n'ai pas de réponse à cette question - si ce n'est : "J'arrête cela tout de suite !" 😄
 
 
"La folie, c'est de faire toujours la même chose, et de s'attendre à un résultat différent".
Albert Einstein.


Avez-vous l'impression qu'arrêter de râler vous prive d'une de vos libertés fondamentales ? 😊

Ou s'agit-il au contraire de renouer avec soi-même et de gagner en libre-arbitre, en disponibilité et en efficacité ?
 

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2 comments

  1. Claire01:22

    Bonjour Elsa,
    C'est un sujet qui me tient à cœur car râler est contagieux. Mon fils de 3 ans râle toujours et son petit frère de 18 mois l'imite.
    Je pense que râler est, du moins que l'on puisse dire, naturel.
    À nous de transformer ces plaintes en demandes.
    Car râler est vraiment désagréable pour soi et pour notre entourage.
    Apprendre à dire :"montre moi ton magnifique sourire, tu es si beau lorsque tu souris", même si on a envie de dire :"arrête de hurler je vais bientôt devenir sourde à cause de ton cri strident".
    Nous pouvons continuer de réclamer sans râler pour ne pas ruminer à tort et à travers. Car râler peut provenir soit d'une extrême exigence vis-à-vis de soi et de son entourage, soit une mauvaise habitude à bannir...
    J'espère ne pas avoir dévié du sujet...

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    1. Bonjour Claire !

      Ne t'inquiète pas, les sujets sont faits pour êtres déviés - encore que je ne suis pas sûre que ce soit le cas ici. ;-)

      Dur, dur,cette contagion que tu décris, surtout quand nos enfants sont impliqués ... Je trouve ton analyse très belle, et effectivement, quelle "déprogrammation" cela représente, pour nous parents !

      Je me retrouve un peu car je me répète souvent : "C'est au moment où ils m'énervent le plus que mes enfants ont le plus besoin de câlins". Cette petite phrase m'a sauvée de bien des situations, en particulier lors des crises de décharge émotionnelles d'Antonin.

      L'enfant qui râle est comme l'adulte qui râle : il ne comprend pas les réactions de son entourage, il a peur de ne pas être respecté, d'être rejeté ... Et le parent apprend, année après année, pas à pas, à traiter l'émotion (frustration, stress, surprise, déception ...) plutôt que sa manifestation (la râlerie).

      Je te souhaite un bon courage, tu tiens le cap !! <3

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