Je suis parfaitement fan des dessins d'enfants. Ils ont quelque chose que les dessins d'adultes ont perdu - leur maladresse même confère au travail une vie, un mouvement que je ne parviens plus à donner à mes productions.
J'exprime souvent mon admiration face aux travaux de mes enfants. Mais eux, invariablement, me répondent : "Oh, non, Maman, tu dessines bien mieux que nous !". Je suis persuadée du contraire, mais n'ai jamais réussi à les convaincre ... 😏
L'autre jour, nous nous sommes demandé ce qui, d'un point technique, différenciait mes dessins des leurs. Outre le fait que mon trait, lissé par mes perceptions d'adulte, appauvri par la sureté de ma main, leur paraissait plus conforme au réel que le leur (je suis pas d'accord !!! 😄), il est ressorti qu'ils admiraient la manière dont je savais positionner les ombres.
Alors, c'est vrai : savoir placer les ombres sur un dessin, c'est primordial pour lui donner du volume et du mouvement.
(Entre nous, je suis objectivement nulle pour placer les ombres sur un dessin, mais ne le dites pas à mes enfants, d'accord ? 😏)
J'ai donc commencé à réfléchir à la manière dont je pourrais commencer à enseigner cette technique aux enfants, mais je n'ai pas trouvé d'idée satisfaisante. Pour placer des ombres pertinentes, il faut connaitre les lois de la lumière, ainsi que celles de la perspective. C'est un savoir-faire assez complexe, qui se construit au fil des observations, sur des années ! Je me suis sentie assez vite peu compétente et découragée par l'ampleur du projet ...
Pour dessiner les ombres, il faut observer les ombres. On peut tout bonnement éclairer un objet simple (une pomme ?) avec une lampe au rayon bien concentré, et essayer de le dessiner sous des orientations d'éclairage variées. C'est un exercice assez difficile, mais c'est encore la meilleure manière de faire, il me semble ?
Seulement, mes enfants étaient d'accord pour s'exercer à dessiner les ombres, mais n'étaient pas attirés par mon sujet de nature morte. Louiselle voulait peindre un cheval, et Antonin, quelque chose qui soit en rapport avec ses jeux vidéos. On oublie la pomme. 😊
Le vidéoprojecteur m'a sauvé la mise Sur une photographie (ou une image de synthèse ! 😄), les ombres sont généralement bien visibles, et plus faciles à cerner que sur un objet "réel" exposé forcément à de multiples sources lumineuses, naturelles et artificielles, qui se parasitent les unes les autres.
Les enfants ont donc choisi chacun une image à projeter sur le mur, et ont repassé les contours du motif choisi sur une feuille de papier à dessin scotché à la verticale. C'est un peu comme décalquer, mais en plus attrayant !
Vous objecterez sans doute que c'est tricher. Enfin, rien ne vaut un dessin d'enfant spontané, nous sommes d'accord. Mais décalquer de temps en temps n'empêche pas de dessiner librement le reste du temps ! Et en décalquant, on assure notre geste, on s'imprègne des proportions et des lignes réalistes. Je ne suis pas contre un petit décalquage de temps en temps, d'autant que cette technique met en confiance l'enfant qui se sent "nul en dessin" ... Rien que pour cela, c'est un outil intéressant ! 😊
Une fois les contours tracés, j'attire l'attention des enfants sur les ombres de la photo :
"Vois-tu des zones plus claires ? Et d'autres plus foncées ? Entoure, d'un coup de crayon léger toutes ces zones qui ne sont pas tout à fait de la même couleur."
Magie : quand on éteint le vidéoprojecteur pour admirer le dessin, on n'a plus affaire à un motif plat, mais à une image en volume ! Le cheval parait bouger pour de vrai, et notre petit Pikmin a pris du relief ...
Avant / Après |
La partie de la plus créative du travail commence alors : il s'agit de mettre le dessin en couleur ... Sortons la peinture ! 😄
Je demande aux enfants de composer une palette de trois nuances. Louiselle souhaite peindre son cheval en brun, elle choisit donc trois marrons différents, du beige à l'acajou. Antonin élabore de même une palette de trois jaunes et de trois verts différents.
Comme toujours, on commence par placer les couleurs les plus claires. Il est facile de recouvrir une couleur claire par une autre plus foncée, si on le souhaite - l'inverse est plus difficile.
L'enfant choisit les zones qu'il souhaite peindre avec cette couleur la plus claire, puis passe à une autre nuance, légèrement plus foncée, pour travailler d'autres parties de son travail.
Dans cette séance découverte, je ne demande pas aux enfants de respecter une gradation. Ils n'ont pas la photo "modèle" sous les yeux, et ne placent pas forcément les couleurs les plus sombres là où elles devraient être. Ce n'est pas grave, le simple fait de placer les ombres et des zones de lumière donne du relief au dessin ... tout en lui conservant ce petit côté "impossible" qui fait qu'un dessin d'enfant sera toujours mille fois plus intéressant qu'un bête dessin d'adulte pseudo-parfait. 😊
Reste à travailler le décor ...
Tadaaaaam ! ❤
Voilà un rendu qui nous satisfait pleinement, pour une première approche ! 😊
Si vous cherchez des exercices plus techniques (et plus pro !), je vous renvoie à l'article Comment dessiner les ombres ? du blog Apprendre à dessiner !
À bientôt et bon gros courage pour demain ! 😘
Je pense à chacun - enfants, enseignants, parents - en cette rentrée particulière ... tous autant qu'on est, on a un peu perdu l'habitude de l'école, hein ? 😄 Rassurez-vous, tout va bien se passer, mais vivement demain soir qu'on se raconte nos journée respectives !!
Prenez soin de vous ! 😘