J'avoue : j'ai vraiment hésité à écrire l'article du jour. 😊
Lorsqu'un sujet a déjà été traité ailleurs sur la Toile, je ne vois pas bien l'utilité de m'y coller - alors je vais commencer par l'essentiel :
Si vous voulez de VRAIES boites de grammaire Montessori, super bien pensées et en téléchargement gratuit, allez voir ailleurs. 😄 Et plus précisément chez Family & Co et Ecole et Cabrioles - merci à ces deux blogueuses pour l'extraordinaire travail fourni ! ❤
Voilà, voilà. 😊
Je pourrais très bien m'arrêter ici, mais comme je reçois beaucoup de questions sur ma manière d'aborder la grammaire, force m'est de répondre que je m'éloigne un peu de la lettre montessorienne. Car "la lettre" est trop lourde pour le besoin que j'en ai. J'ai donc allégé, et cela me convient très bien. Je vous fais le topo ? 😉
Que ce soit pour le coschooling ou mon travail de remplaçante à temps partiel, je n'ai pas besoin de l'ensemble du matériel, car il m'est impossible de suivre au pas à pas une quelconque progression. À la maison, je vais là où le vent nous mène, et à l'école, je dois être en mesure de monter une petite activité pour n'importe quel niveau de classe, dans n'importe quelle matière, pour des élèves que je ne connaissais pas il y a cinq minutes et que je ne reverrai sans doute jamais.
J'utilise donc ... tadam !! Ça :
C'est-à-dire une boite de grammaire ... euh : compacte. Minimaliste. Y a tout dedans, en tous cas, tout ce dont j'ai besoin pour une journée de classe du CE1 au CM2 en ce qui concerne l'analyse grammaticale. Bien sûr, elle est utilisée, dans ce cadre, dans un mépris presque total de l'usage original - puristes, passez votre chemin ! 😉
Ma boite est une boite en bois de 25cm x 25cm, dotée d'un couvercle (plus large) et d'un fond. Dans le couvercle, sont soigneusement rangés jetés en vrac les symboles de grammaire Hoptoys. J'ai essayé de compartimenter cette boite des dizaines de fois, mais elle ne se laisse pas faire. Rien ne tient dans le temps, les symboles se retrouvent à l'étroit, et difficiles à saisir. Bref, en vrac, c'est beaucoup mieux, et les enfants adorent farfouiller là-dedans : finalement, chercher le tout-petit symbole de la conjonction rappelle un peu la quête de la brique à 2 picots dans l'immense bac à Lego ... Vous voyez ce que je veux dire ? 😊
Dans la partie "couvercle", sont rangées les étiquettes, liées selon leur nature par des élastiques. Les grandes et belles cartes viennent de ce petit kit de base, très utile si vous cherchez, euh, ben : un kit de base. 😁 J'aime la taille des cartes et leur (relative) solidité, et quand j'ai un remplacement à effectuer d'une journée en élémentaire, je n'utilise souvent que lui. Pour mes enfants, cela s'est vite trouvé insuffisant, et j'ai fabriqué d'autres étiquettes, collées sur du papier cartonné de couleur.
Le petit tupperware contient les étiquettes fabriquées au fur et à mesure de nos besoins, soit par moi ...
... soit par les enfants eux-mêmes. Nous les gardons toutes très précieusement, chacune d'elle nous rappelle nos petites séances passées !
Mes élèves fabriquent aussi leurs étiquettes si besoin, et repartent chez eux avec.
... soit par les enfants eux-mêmes. Nous les gardons toutes très précieusement, chacune d'elle nous rappelle nos petites séances passées !
Mes élèves fabriquent aussi leurs étiquettes si besoin, et repartent chez eux avec.
Le fait d'avoir renoncé à compartimenter le fond de la boite me permet d'emboiter les deux parties l'une dans l'autre (cf. Photo numéro 2 de l'article) : c'est un gain de place incroyable et la partie du haut leste celle du bas - très pratique puisque cette boite est amenée à voyager dans le coffre de ma voiture.
Que faire avec une boite de grammaire Montessori ?
Bien des choses, en fait, et une fois de plus, les articles très pros mentionnés en début d'article vous enseignerons tout ce que vous souhaitez savoir. Pour moi, je retiens surtout deux aspects qui font que je ne me priverai de ce matériel pour rien au monde.
1. Montessori : une grammaire de l'action
Invitation |
Bien sûr, on pourrait se contenter de faire des exos dans un manuel. Mais en toute honnêteté, je ne connais pas beaucoup d'enfants qui sautent avec avidité sur les manuels de grammaire. Alors que si vous prenez deux minutes pour monter une activité ce type 👆, vous être sûr d'en attirer les destinataires aussi surement qu'avec des confitures. 😊
L'invitation ci-dessus se propose d'introduire Antonin à l'analyse d'une nouvelle nature grammaticale, la préposition. La grammaire montessorienne est une grammaire de l'action : tout de suite après avoir lu un énoncé, l'enfant la met en corps, ou la met en scène. Le sens logique se construit en situation, par le geste - par les mains, une fois de plus !
C'est ainsi que notre petit renard est placé DANS la maison, conformément à l'énoncé de départ.
Je demande ensuite à Antonin de piocher au hasard, en fermant les yeux (c'est plus drôle !) une autre étiquette de couleur verte dans une réserve constituée. Les mots de même nature sont interchangé, et notre renard se retrouve SUR la maison.
Même opération : Le renard est À CÔTE DE la maison ...
... pour finir même CONTRE la maison. 😊
La grammaire montessorienne regorge de petites astuces mnémotechniques pour aider les enfants à mémoriser le vocabulaire. Dans le cas de la préposition par exemple, on explique :
"Ces petits mots qui indiquent la position du renard par rapport à la maison (ou : du cheval par rapport au près, ou du cube par rapport au tapis ... selon le matériel et les étiquettes dont vous disposez) s'appellent des prépositions.
Qu'entends-tu dans le mot PRÉPOSITION ?
- J'entends POSITION, répond l'enfant.
- Voilà. C'est ce que fait la préposition : elle introduit un complément (ici : "dans la maison") et indique le RAPPORT de ce complément avec ce qu'il complète. Ce rapport peut être, comme ici, un rapport de POSITION !!"
"Ces petits mots qui indiquent la position du renard par rapport à la maison (ou : du cheval par rapport au près, ou du cube par rapport au tapis ... selon le matériel et les étiquettes dont vous disposez) s'appellent des prépositions.
Qu'entends-tu dans le mot PRÉPOSITION ?
- J'entends POSITION, répond l'enfant.
- Voilà. C'est ce que fait la préposition : elle introduit un complément (ici : "dans la maison") et indique le RAPPORT de ce complément avec ce qu'il complète. Ce rapport peut être, comme ici, un rapport de POSITION !!"
2. Montessori : une grammaire à construire
Bien sûr, après avoir introduit une nouvelle notion de cette manière - "avec les mains" - l'enfant s'exerce, via l'analyse de phrases variées. Le matériel montessorien propose à l'enfant un
panel de phrases de difficulté progressive, qu'il doit reproduire à l'aide des étiquettes-mots, puis analyser. La petite boite de grammaire Larousse propose ainsi une série de cartes auto-correctives : au recto, une phrase illustrée, au verso, la suite de symboles correspondant.
Si vous cherchez une bonne présentation cet aspect de la boite de grammaire, je vous renvoie chez Apprends-moi autrement.
Ici, ces phrases pré-énoncées ne cadre pas avec mon besoin, et j'en ai fait l'économie. Les manuels regorgent de
séquences "type" à analyser de façon progressive, et des manuels, j'en
ai plein. Les classes où je débarque en regorgent, et les enfants en ont
plein leurs casiers. C'est une bonne chose - j'adore les manuels ! -
mais dans ce contexte, mon objectif est de proposer quelque chose de
complémentaire. C'est ce que me permet mon petit stock d'étiquettes mots.
Avec mes étiquettes, je peux effectivement construire
l'exemple type dont j'ai besoin pour amener une nouvelle notion. Mais
l'enfant peut également jouer "au grammairien" (ou au Lego, car j'ai
toujours été persuadé qu'il s'agissait de la même chose) en élaborant
ses propres phrases.
{ Permettez-moi une digression sur les petits grammairiens en herbe ... C'est un sujet que j'affectionne, mais si cela vous enquiquine, vous pouvez très bien vous rendre dès maintenant au paragraphe suivant. 😁
L'enfant, lorsqu'il apprend à parler sa langue maternelle, est actif. Ce n'est pas en répétant comme un perroquet ce qu'il entend qu'il apprend, mais en combinant, associant ... et en se trompant beaucoup ! La langue n'est pas un répertoire de phrases toutes faites qu'il faudrait mémoriser, mais chaque production d'énoncé est le résultat d'une succession d'opérations mentales complexes, et d'ordre grammatical. Pour réussir à parler, l'enfant doit accéder au code, déchiffrer pas à pas les règles qui régissent, sous-jacentes, nos énoncés. C'est un travail de longue haleine, qui donne lieu à ces pépites, ces "mots d'enfants" dont nous raffolons tous, et qui ne sont, bien souvent, que des essais de grammairiens en herbe. Ainsi, "La jument est noirte" parce que l'enfant est en train de construire la règle d'accord de l'adjectif qualificatif. Les héros de son jeux "se sauvirent" parce qu'il est en train d'élaborer les règles de conjugaison du passé simple. Ce faisant, l'enfant "fait du lego" : il juxtapose deux parties de mots qui lui semble stables - l'adjectif "noir" et un accord au féminin régulier en "-te", une base verbale "sauv- " et une terminaison au passé simple bien connue "-irent". C'est magique, tout de même, ces données linguistiques pointues recueillies en quelques années de vie seulement !! Et dire que les adultes ne trouvent parfois rien de mieux à répondre que : "C'est faux, ce n'est pas comme cela qu'il faut dire !" 😕
Revenons à nos moutons. }
Je préfère donc l’utilisation de la boite de grammaire qui consiste à laisser l'enfant élaborer ses propres phrases, pour les analyser ensuite selon la nature et la fonction des mots qui la composent. Remarquez que les énoncés produits par l'enfant avec la boite de
grammaire sont infiniment plus riches que ceux qu'il pourrait créer ex
nihilo. De plus, on peut l'encourager à complexifier ses productions grâce à
tout un tas de petits challenges : "Peux-tu produire une phrase avec deux étiquettes noires ? Et une autre avec un pronom et trois conjonctions ?"
Bien sûr, selon l'âge de l'enfant, j'adapte mon exigence. Ainsi, Louiselle produisait il y a quelques mois :
Bien sûr, selon l'âge de l'enfant, j'adapte mon exigence. Ainsi, Louiselle produisait il y a quelques mois :
Et j'acceptais l'énoncé sans nécessairement l'enquiquiner avec l'accord du nom. Aujourd'hui, je l'évoquerai, puisque qu'elle connait cette règle, mais fermerai les yeux sur un verbe mal accordé ...
Avec Antonin, par contre, mon exigence n'est pas la même, et les règles orthographiques deviennent autant de contraintes à respecter dans le jeu de construction : voici par exemple deux débuts de phrases que j'ai photographiées pendant qu'il était en train de se demander quelles étiquettes "verbes" il avait le droit de placer ensuite ou pas, et pourquoi. 😊
Et si l'enfant a une phrase en tête, mais qu'il ne trouve pas
l'étiquette du mot qu'il cherche dans la boite ? Et bien il la fabrique, pardi ! Il se
charge de la calligraphier à la main, et j'en rends bonne note pour mes
futures étiquettes. Notre dernières séances a ainsi mis en évidence que nous manquions de noms au pluriel et d'adjectifs au féminin ; j'en imprimerai donc à l'occasion. Car ce matériel est en perpétuelle
évolution, et c'est pour cela que je l'aime ... et que je ne le partage pas : il est hautement incomplet et imparfait ! 😊
Mais je vous invite à élaborer votre propre liste de mots avec vos enfants, ou à télécharger celles que je vous indiquais en début d'article !! Ce n'est que du bonheur, vous verrez !
Bonne soirée à tous !