Projet Vroum-ville
April 28, 2016
On parle beaucoup de pédagogie de projet sur la Toile, mais on y trouve finalement peu d'exemples du déroulement de ces entreprises souvent complexes, initiées et exécutées par les enfants eux-mêmes. Dans la mesure où cette pratique est au cœur de ma réflexion pédagogique, aussi bien scolaire que domestique, j'ai eu envie aujourd'hui de vous présenter point par point le projet qui a occupé mes enfants tout au long des vacances de printemps. Après tout, il s'agit d'une tentative de définition comme une autre - mais concrète ! 😊
Ce que le projet mené par l'enfant n'est pas :
Le projet mené par l'enfant n'est pas le déploiement d'une thématique. La thématique est une organisation qui a très souvent cours en maternelle (sans qu'aucun texte officiel ne conseille explicitement de travailler ainsi, d'ailleurs). Pendant quelques semaines, un thème va lier les activités entre elles. Ce ne sont donc pas les enfants qui créent les liens, ils sont donnés d'avance - et, force est de l'admettre, souvent assez artificiels. Par exemple, l'enseignant décide que le mois d'octobre sera consacré aux citrouilles, et le mois de novembre, aux dinosaures. Il organise ensuite autour de ces motifs les compétences qu'il souhaite que ses élèves acquièrent. Ainsi, en octobre, les enfants compteront des citrouilles et chanteront des comptines de citrouilles. Ils réaliseront des collages de citrouille, et liront des histoires de citrouilles. En novembre, ils réaliseront un livre-à-compter sur les dinosaures et chanteront des comptines de dinosaures. Ils peindront des dinosaures et iront visiter un parc d'attraction sur ce thème.
Le projet mené par l'enfant n'est pas le déroulement d'une séquence. Une séquence est une unité d'apprentissage, construite minutieusement par l'enseignant d'après la manière dont il pense que les enfants apprennent. Elle se déroule sur plusieurs séances, soigneusement articulées. Ainsi, une séquence sur la citrouille pourrait démarrer sur une expérience mettant en lumière les besoins de la plante, se poursuivre par le semis, puis le soin, la récolte, la dissection et l'observation des différentes parties de la courge, et se terminer par un atelier cuisine. Une séquence "dinosaures" peut comporter une mise en paire figurines/cartes de nomenclature, la localisation dans l'espace et le temps des différentes espèces, la rédaction d'un exposé, etc. Une fois de plus, tout est pré-pensé par l'adulte, même si l'enseignant ne dédaigne pas de s'écarter de la marche prévue pour suivre ponctuellement une idée soumise par un élève.
N.B. Il ne s'agit pas pour moi de critiquer ici ces démarches courantes, que je pratique comme tout le monde. Mais aujourd'hui, c'est autre chose que je souhaite évoquer.
Qu'est-ce qu'un projet mené par l'enfant ?
N.B. Il ne s'agit pas pour moi de critiquer ici ces démarches courantes, que je pratique comme tout le monde. Mais aujourd'hui, c'est autre chose que je souhaite évoquer.
Qu'est-ce qu'un projet mené par l'enfant ?
Étiquetage spontané |
Le projet "mené par l'enfant" s'ancre dans un intérêt authentique. Voilà la base, voilà le début de toute chose : un intérêt authentique de l'enfant. Qui n'est pas là pour se conformer aux goûts de l'adulte.
Ici, mes enfants jouent depuis plus d'un mois à "Robocar Poli" - et franchement, les adultes de la maison trouvent le dessin animé complètement creux. Mais comme le dit si bien mon homme :
"Ce qu'il y a de bien, avec Robocar Poli,
c'est que c'est tellement vide qu'on peut le remplir avec ce qu'on veut."
😉
😉
Il a raison : je n'aime pas ce dessin animé, mais j'aime ce que mes enfants en font. Et ce qu'ils en font, voici : ils y jouent. C'est-à-dire qu'ils inventent des scénarios, fabriquent spontanément des étiquettes aux noms des figurines, leur bâtissent des routes en kapla...
Bon, mon article pourrait s'arrêter là : le projet, le voilà. Il est mené par les enfants dans la mesure où ils ne m'attendent pas pour prendre les rênes, et agir.
2. Les matériaux
Puisque c'est l'enfant qui mène le projet, l'adulte se pense, en quelque sorte, comme un assistant. C'est très difficile à "avaler" culturellement, surtout quand on œuvre dans un cadre professionnel. Enseigner, c'est suivre un programme, c'est planifier des sorties scolaires, c'est sélectionner livres et matériel, c'est inventer des activités pertinentes, des exercices motivants, et parvenir à mettre l'enfant au travail. Si on ne fait rien de tout cela, on a l'impression de ne pas faire notre boulot, n'est-ce pas ?
Et pourtant... L'adulte peut aussi décider de travailler avec l'enfant. Et un de nos rôles dans cette nouvelle posture, c'est de fournir à l'enfant ce dont il a besoin.
Et pourtant... L'adulte peut aussi décider de travailler avec l'enfant. Et un de nos rôles dans cette nouvelle posture, c'est de fournir à l'enfant ce dont il a besoin.
Ici, mon rôle a été le suivant :
- Constater un engouement, un intérêt (cf. premier point).
- Constater un penchant pour la construction et mettre à disposition des matériaux variés pouvant éventuellement enrichir le jeu.
- Constater une préférence forte pour : le polystyrène, les petits cartons (type boites à chaussure pour enfants), les bouchons de liège, les playmags et les kaplas.
- Écarter les matériaux inutilisés pour faire de la place. Tout au long du projet, ce sont ainsi les enthousiasmes
personnels de l'enfant (et ses désintérêts propres) qui détermineront ce
qui se fera... ou pas.
- Continuer d'observer en attendant la suite.
On ne peut pas dire que je n'ai RIEN fait, n'est-ce pas ? 😉
3. Un savoir-faire
Un autre aspect du rôle de l'adulte est le devoir de rendre l'enfant autonome. Rappelons ce beau dicton qui dit que lorsque quelqu'un a faim,
il faut lui apprendre à pêcher au lieu de lui fournir du poisson... Se mettre au service du travail de l'enfant, c'est aussi transmettre des savoir-faire : enseigner à lire, à décrypter une image, à faire une recherche dans un dictionnaire ou à se servir d'Internet... ou à utiliser un pistolet à colle. 😉
Ici, ayant constaté que leurs constructions ne tenaient pas toujours, les
enfants ont souhaité coller certains éléments. Je leur ai proposé de
leur montrer un nouvel outil (Merci, Oops, si tu me lis), qui allait leur permettre de coller de manière vraiment efficace... et ils ont accepté.
Naissance de Vroum ville (C'est le nom de la ville dans la série "Robocar Poli") |
4. Jeu et appropriation
Le projet connait une pause, une respiration - qui sait, il est peut-être achevé ?
Seule l'activité des enfant le dira - et pour le moment, ils jouent, excusez du peu... 😉
5. Confection de panneaux
Ah non, le projet n'est pas achevé. Antonin décide de fabriquer des panneaux pour Vroum ville - à l'aquarelle. C'est parti, et Louiselle ne tarde pas à le rejoindre.
Un projet n'est pas linéaire et est ouvert à toutes les directions possibles. Il n'a pas de temps imparti à l'avance - certains projets durent cinq minutes, d'autres plusieurs années.
Les projets sont naturellement fluides - organiques. L'échec n'y est pas possible puisque toutes les propositions sont acceptables. En aucun cas on ne peut s'écarter du chemin tracé - puisqu'il n'y en a pas ! 😊
6. Accrochage
Une fois les panneaux réalisé, il reste à les fixer. Mais comment ? Alors que je pense que les enfants vont spontanément se tourner vers le scotch, qu'il connaissent bien pour en avoir un rouleau à disposition dans leur nécessaire à dessin...
Une fois les panneaux réalisé, il reste à les fixer. Mais comment ? Alors que je pense que les enfants vont spontanément se tourner vers le scotch, qu'il connaissent bien pour en avoir un rouleau à disposition dans leur nécessaire à dessin...
... la méthode se met à faire question.
Le pistolet à colle est ressorti, mais Louiselle disparait dans l'atelier et en revient avec des épingles.
La Damoiselle est déterminée : elle veut fixer les panneaux avec des épingles. Voilà.
7. Expérimentation
Mais les aquarelles sont fixées avant que le désir d'épingler soit assouvi. Les enfants découvrent alors les épingles s'enfoncent facilement dans le carton, le liège et le polystyrène...
8. Nouveaux matériaux
Après avoir planté quelques épingles de-ci de-là dans Vroum ville, les enfants se mettent en quête de nouveaux matériaux : leur idée est claire : ils cherchent des éléments à enfiler sur leurs épingles.
Ils montent dans l'atelier et redescendent au jardin avec perles, boutons, et ramequins.
J'interviendrai cependant pour placer les épingles dans une petite assiette, plus large et plus plate, afin de faciliter leur saisie.
Vroum-ville s'orne alors d'étranges sculptures.
C'est à ce moment précis, en observant la concentration de mes enfants penchés sur leurs épingles, que je comprends que nous sommes en train de vivre un projet. Nous sommes déjà au point culminant de l'expérience - peut-être même est-elle presque achevée. Mais le projet ne pouvait pas être identifié en tant que tel avant. Comment aurais-je pu savoir a priori que les enfants allait s'investir dans cette activité (ou plutôt dans cette articulation complexe d'activités) ? Si j'avais décidé avant de commencer qu'il y allait avoir un "Projet Vroum Ville", j'aurai tué dans l’œuf toute possibilité de projet mené par l'enfant...
C'est un point important, à mon sens : résister à la tentation de nommer une séquence "projet" avant d'avoir la certitude qu'elle en est vraiment un. Et, à l'inverse, accepter que ce projet mené par l'enfant n'ait pas les contours précis que l'adulte aurait besoin qu'il ait. Tout peut-être projet pour l'enfant - à condition que l'intérêt, le questionnement et la résolution de problème soient au rendez-vous : conduire un tracteur avec Tonton, grimper à un arbre, faire une tarte, observer les oiseaux...
Le projet mené par l'enfant n'a pas forcément un début et une fin clairement identifiables, mais l'éducateur en prend acte via l'observation : l'enfant est en projet. Car ce qu'il fait fait sens pour lui, cela lui plait, cela l'ouvre à d'autres questions, d'autres gestes, qui, eux-mêmes, ouvriront d'autres horizons. Tout cela est vivant, mouvant, entremêlé - j'ai lu quelque part une éducatrice reggiane qui comparait le savoir en construction à un plat de spaghettis, je trouve cette image parlante ! 😊 Même si cela n'arrange pas les affaires des adultes qui ne parviennent pas à faire entrer ces noeuds de nouilles molles dans leurs jolies fiches de prép'...
Les projets font appel à des compétences de base (ici : coller, enfiler, piquer, peindre...). Plutôt que d'enseigner tous ces savoir-faire isolément, lors de séances bien découpées (qui peuvent néanmoins être menées en parallèle, pour "renforcer" les gestes acquis), l'adulte saute sur toutes les occasions qui se présentent au cours du projet. Il suffit souvent de proposer de nouveaux outils ou de nouveaux matériaux. S'ils peuvent être mis au service de ses idées, l'enfant s'en emparera. Et développera une compréhension profonde des techniques élaborées, que ne permettent pas les seuls exercices d'application.
7. Recherche de nouveaux matériaux
Au bout d'un long moment, Antonin lève le nez de ses perles et regarde autour de lui. La séance a lieu au jardin, et le Damoiseau décide de partir en quête d'éléments naturels à intégrer à la ville.
Louiselle, à son tour inspirée par cette procédure, choisira des fleurs qu'elle transpercera, à l'inverse, d'une épingle unique, dans l'axe de la tige. Et ça n'a l'air de rien, mais je vous affirme qu'à 3 ans et demi, l'exercice requiert de la patience ! 😊
8. Synthèse
La phase de motricité fine s’essouffle. Les enfants ont besoin de bouger, de jouer : ils me demande de déplacer Vroum-ville sur la terrasse, et construisent à côté d'elle un circuit de route en kaplas. Ils jouent quelques minutes...
9. Prolongement(s)
Puis leur attention est attirée par les Playmags, et délaissant le centre de Vroum-ville, ils décident de construire une école : un étage par classe, c'est un véritable immeuble. La question des rampes (car il faut que les voitures puissent accéder à chaque palier) va accaparer Antonin pendant presque deux heures : comment organiser les ponts autour de l'édifice ? Comment les rendre suffisamment solides pour supporter le poids des véhicules ?
A vrai dire, à l'heure où j'écris ses lignes, l'engouement pour ces questions n'est pas retombé, et le Damoiseau passe de longs moments, chaque jour, penché sur ce matériel. Pour moi, il est évident que c'est notre projet qui se prolonge : les différentes phases de recherche ne sont pas homogènes, certaines se trouve hypertrophiées (et parfois celles que l'adulte penseraient comme moins capitales). Un projet est tentaculaire, il lance ses bras dans de multiples directions, dont certaines le mèneront plus loin que d'autres... sans qu'on sache à l'avance lesquelles.
10. Fin
Comment savoir que le projet est terminé ? C'est très simple : les enfants le disent. "Vroum-ville", en tant que tel, est fini. "On a fini", a dit Antonin. "Oh, ça ? a lâché Louiselle, avec un désintérêt soudain, c'est fini !". Nous avons posé notre maquette dans l'atelier, elle est du plus bel effet. Elle est achevée.
Je peux donc affirmer en toute sécurité à présent : il y a eu un projet Vroum ville.
Qui est terminé, mais dont les excroissances vivent encore parmi nous : Antonin mène une recherche, dans ses dessins, sur la manière dont on peut représenter un édifice, Louiselle invente des scénarios alambiqués que je prends en dictée... Les enfants continuent de décider ce qu'ils étudient, et ils décident aussi de la manière dont leurs connaissances vont être représentées. Ce sont eux qui posent les questions - et ce sont eux qui y répondent. Ce sont eux qui se donnent leurs objectifs, et ce sont eux qui mettent en place les moyens pour les atteindre.
L'adulte ne décide pas a priori ce qu'il faut savoir à cette période de l'année, pour cette tranche d'âge. C'est l'enfant qui démarre le projet, et c'est lui qui décidera de le mener à tel ou tel point - plus ou moins loin. Il n'a pas de limites à ce qui est appris : dans la mesure où tous les savoirs sont interconnectés, un projet peut mener très loin... Et ouvrir lui-même à une multitude d'autres projets qui eux-mêmes ouvriront à une multitude... Vous avez l'idée.
Bon, peut-être voulez-vous savoir si je parviens à travailler ainsi dans ma classe cette année avec 31 bambins âgés de 2 ans et demi à 4 ans ? La réponse est non. Ou si peu, que c'est totalement anecdotique dans ma pratique de classe. Hélas.
Et comme ni l'un ni l'autre de mes enfants ne vivent non plus ce genre d'expérience à l'école, mener ce type de projet à la maison est une vraie bouffée d'air, qui nous fait tous avancer beaucoup.
Vous en entendrez reparler, parce que je compte bien progresser dans cette voie pédagogique royale ! 😉
23 comments
Ici on adore les projets :)
ReplyDeleteOn en fait plein.
Et robocar poli à la côte ici aussi ;)
ReplyDeleteQuestion ils ont connu comment chez toi ?
Chez la nounou ! :-D
ReplyDeleteJe trouvais ça bizarre aussi
DeleteWaw, quel article inspirant, une fois encore! La pédagogie par projet, je la connais mais essentiellement au niveau des "plus grands", ayant moi-même eu l'occasion de la vivre dans le cadre de mes études universitaires, et à présent en tant qu'enseignante dans le supérieur. Je trouve que c'est un outil essentiel pour donner du sens aux apprentissages et permettre aux étudiants de mobiliser leurs compétences. Je la vis également en tant que maman d'enfants inscrits dans une école Freinet, où les projets occupent une place centrale dans la pédagogie, surtout en maternelle.
ReplyDeleteJe ne peux m'empêcher un petit partage d'expérience : un projet que j'ai trouvé très représentatif de la pédagogie a été celui de fin de première maternelle de mon aîné. Les enfants ont émis le souhait d'aller à la pêche. Du coup, ils sont allés au bord du lac tout proche, avec des bâtons et des ficelles : Chou blanc. Un enfant plus âgé, les voyant, leur a conseillé l'utilisation d'hameçons et d'appâts. D'où nécessité de faire appel à un expert, ne fut-ce que pour le matériel. L'instit' est alors intervenue pour proposer une initiation à la pêche avec un organisme qui propose de genre d'animation. Les enfants ont donc téléphoné à l'organisation en question pour réserver la journée, sont descendus à la gare pour consulter les horaires de train, et ont pris le train le jour dit. Ils ont finalement attrapé deux poissons, vécu une magnifique journée, appris énormément de choses, et, surtout, ont pu être acteurs de leur projet!
Que j'aime ces opportunités qui sont offertes aux enfants de mettre en oeuvre leur capacité à découvrir le monde et à donner libre cours à leur curiosité! Et c'est gai de voir comme une classe n'est pas l'autre, comme chaque groupe vivra ses propres expériences en fonction de ses affinités... Mon second est dans une classe qui est moins demandeuse de "sortir" de l'école et partir en excursion, mais est composée de petits gourmands qui ont lancé plusieurs projets cuisine, et ont été jusqu'à organiser un "restaurant". Actuellement, ils préparent un élevage de poules... Une autre classe de troisième maternelle a eu sa période "moyen-âge", a fait un banquet médiéval costumé et s'est fabriqué un pont-levis devant la porte de son local. Evidemment, l'enseignant intervient à différents moments dans les projets et va les influencer en fonction des réactions du groupe et des contraintes logistiques, donc tout l'art de leur travail d'"animation" (ils sont appelés animateurs et non instituteurs, d'ailleurs) est de guider sans imposer. Ma foi, ils font ça super bien :-).
Merci pour ce retour, Cap'taine Mouss' qui me laisse songeuse... et amoureuse !! <3 <3 <3
DeleteJe pratiquais assez "simplement" Freinet en cycle 2 et 3, mais chez les PS (le seul niveau de maternelle que je connaisse, et non des moindres...), je suis bloquée. C'est un âge tellement "individualiste", les effectifs ne sont pas du tout adaptés à la manière d'apprendre des enfants... Moi qui aime tant les petits, à présent c'est clair : je rêve de reprendre en élémentaire. C'est moins violent. :-(
Avec 30 enfants, j'imagine bien la difficulté! Dans notre école, ils sont maximum 23 par classe, et les tout-petits (à partir de 2 ans 9 mois) sont dans une classe d'accueil limitée à 15 places. Hors projet, les classes fonctionnent avec des ateliers autonomes, il y n'y a pas d'activité imposée ni d'évaluation, et moyennement certaines règles(max. 3 enfants, port du casque pour faire du vélo, ...), les enfants peuvent aller jouer dans les jardins, dans le préau intérieur ou dans les classes voisines quand ils le souhaitent. Le bâtiment des maternelles est construit et organisé comme un immense espace de liberté pour les enfants, c'est vraiment un projet au niveau de l'école tout entière.
ReplyDeleteLa grande différence entre les maternelles et les primaires, c'est que les premières sont centrées sur l'épanouissement de l'enfant et l'apprentissage de la vie en société, et les secondes se structurent assez logiquement autour des apprentissages scolaires. On retrouve donc une organisation plus stricte et un peu moins ludique, mais avec un énorme travail de préparation et d'animation dans le chef des animatrices : ça foisonne de documents et de panneaux construits sur base des réflexions/recherches de la classe.
J'avoue que j'admire autant les animatrices des deux niveaux, bien que différemment. En maternelle, j'admire leur résistance nerveuse (:-p) et leur capacité à éveiller et faciliter les projets des petiots, en primaire, leur implication dans les préparations, leur adaptabilité au groupe-classe et leur capacité à garder une ambiance sereine de travail dans ce bouillonnement d'énergie et de créativité. Personnellement et bien que j'adore la spontanéité, la curiosité et les capacités d'apprentissage extraordinaires des petits, je pense que je préfèrerais enseigner en primaire, pour le challenge didactique (et parce que je ne suis pas sûre de survivre au bruit et à l'agitation des maternelles ^^').
Et dire qu'au départ, nous avions inscrit notre aîné dans cette école surtout parce que c'était la plus proche de chez nous, sans réaliser alors le trésor pédagogique qui s'offrait à nous...
Des fois, je me demande si à pas tout à fait 2 ans, ma fille ne fait pas déjà des "projets". Après tout, quand elle décide de trier des legos et de faire une tour avec que les jaunes, n'est ce pas déjà un projet à sa taille ?
ReplyDeleteBref, il est bel et bon de se laisser aller à l'engouement de nos enfants et de suivre, même si parfois on a envie de faire à leur place.
J'ai fait de nombreux projets (que je définissais comme tel dès le début, mais j'étais plus âgée alors), certains ayant aboutis d'autres non, et je m'en souviens encore (sûrement pas de tous d'ailleurs) :)
Oh, oui, on peut être "en projet" à deux ans ! Je partage ta lecture des activités de ta fille !
DeleteArticle très intéressant ;) A le lire, cela m'a fait pensé au contenu des écoles du troisième type, qui me font beaucoup penser à Reggio, qu'en penses-tu?
ReplyDeleteEn ief cette année, je défini ces projets là, comme une activité spontanée,"les petites choses du quotidien" qui sont autant d'occasions d'enrichir ce "savoir en construction", les apprentissages autonomes en somme, la pédagogie de projet c'est un peu (beaucoup) cela, non?
J’adhère tout à fait à ta réflexion de ne pas appeler "projet" un projet tant que l'on est pas sur que cela en soi un, c'est ma problématique du moment, dans laquelle j'ai du mettre en place un projet sur plusieurs mois, un thème imposé, pour un cadre plutôt artificiel et pré-pensé, difficile de faire de la pédagogie de projet dans ce contexte... cependant à forces de réflexions, je peux dire que les enfants ont été acteurs de ce projet (dans une certaine mesure mais c'est mieux que rien);)
Oui, je vois ce que tu veux dire ... C'est souvent ainsi que les choses se passent en classe, aussi. :-)
DeleteC'était passionnant à lire cet article, et plein de suspens aussi! merci de partager ces moments. Une exclamation a fusé à la fin dans mon cerveau de mère d'un enfant de 20 mois non encore scolarisé... je la retranscris telle quelle : "31 élèves entre 2 ans et demi et 4 ans, sans déconner???".
ReplyDeleteSans déc' ... :-(
DeleteLa conditions de travail cette année m'ont vraiment fait du mal, je dois l'admettre ... :-( :-(
Mais bien sûr, que je lis (dévorer serait plus juste) chaque article ! ;)
ReplyDeleteEt je suis hyper fière d'avoir apporté une toute petite miette dans l'incroyable richesse des multiples activités présentées ici ! ;)
Avec un peu moins de temps pour commenter qu'avant, hélas... Un petit lutin de 14 mois mange beaucoup mon temps libre (jours et nuits), pour le remplir de "oh", "chat", "meuh, "bouh", et de pleins de petits "projets" : attraper un gendarme (et le manger !!!), mettre et enlever (et re-mettre, etc) un collier de ses sœurs, mettre le tabouret devant le lavabo pour se laver les mains (et le ventre, les cheveux... et le sol aussi !), grimper sur une chaise, puis la table, puis la desserte dès que j'ai la folle idée de regarder ailleurs... Si je vivais autant d'aventures en une journée, je dormirais bien, MOI ! :P
Ce billet est une petite merveille, une ode à l'observation des enfants : le nombre de fois où je me dis que je pourrais passer ma vie à juste observer mes filles... Le nombre de fois où je me dis "allez hop, je déscolarise, pour vivre ça tous les jours !!!"
Mais quand je vois tout ce que tu fais (et que tes enfants font grâce à tes ressources), je me dis juste que je suis mal organisée.
Allez hop, il me reste 15 min avant de réveiller petite dernière pour aller chercher les grandes : je vais leur préparer une "invitation reggio" dans le jardin...
Merci de renouveler à chaque article l'inspiration et la motivation !
Je ne sais pas si je suis bien organisée ... :-D Il y a des jours où il ne se passe rien, et puis zou, c'est l'explosion ! J'ai plus l'impression de m'adapter "à l'arrache" qu'autre chose ... :-D
DeleteRavie si mes article te boostent, en tous cas ! <3
Que c'est beau ! Outre le fait que ton article est vraiment encore une fois très intéressant, les photos sont superbes. Je n'aurais pas cru que Vroum Ville me ferait rêver, tiens.
ReplyDeleteEt bien : moi non plus ! :-D
DeleteC'est vrai que c'est beau ! Les petites créatures "perles-épingles" sont ravissantes.
ReplyDeleteIl n'y a rien de meilleur quand l'enfant devient chercheur-créateur, je suis bien d'accord. D'ailleurs, secrètement depuis quelques semaines, j'entrepose de nombreuses boîtes, papiers, rouleaux, bref, des éléments qui devaient repartir au recyclage. Je vais monter un atelier bricolage dans ma classe !! On verra bien ce qu'il en ressortira !
Je suis rassurée de lire que c'est difficile aussi pour une enseignante chevronnée de travailler en pédagogie de projet. J'ai aussi 32 PS, et j'ai du laisser de côté ce pan là et travailler de manière plus traditionnelle (ateliers). Etant donné que c'est ma première année, je me suis plutôt orientée vers l'aspect "créer une bonne ambiance de classe", dur dur d'avoir une vision pédagogique et de ne pas pouvoir l'appliquer. Mais je sais que pas après pas, je poserai les galons.
Bon weekend et jouez bien !!
Tu as raison d'être dans cette optique. Avec autant d'élèves si petits, c'est tellement dur ... L'ambiance de classe (et le bien-être des enseignants, qui ne doivent pas s'épuiser !!), c'est bien le plus important ! Bon courage !!
Deletetout simplement génial! Ils partent d'un grand vide pour le remplir de leur imaginaire et en font une création et une air de jeux fantastique. Bravo!
ReplyDeleteAh, ah, "un grand vide" ... :-D C'est tout à fait cela !! :-D
DeleteBonjour! J'aime beaucoup vos articles et lis régulièrement votre blog. Merci pour ce partage! Je réagis ici car cela fait echo à un questionnement professionnel. Je suis animatrice ado (11/17ans). Lors des vacances, je propose un programme d'activités. Nous travaillons aussi beaucoup sous forme de "projets"...mais qui viennent la plupart du temps des adultes. J'aimerai que nos ados soient plus à l'initiative de nouvelles idées et de nouveaux projets. Mais j'ai vraiment du mal à ce qu'ils soient force de propositions. Qu'en pensez-vous?
ReplyDeleteBonjour Gondawa !
DeleteComme je comprends ! Moi aussi j'ai ce soucis dans un cadre professionnel parfois, surtout quand je tombe sur des classes qui me disent que "Non, on n'a pas d'idées, on n'aime rien en particulier ..." ARG ! Mais généralement, en creusant, il y a toujours quelque chose qui intéresse. On peut partir sur un débriefing lors de la première séance (avec des ado, ce peut être fait à l'écrit, et même à "bulletin secret") : un petit questionnaire sur la musique préférée, le film préféré, les collections que fait l'enfant, etc. On en parle, et généralement, les passions surgissent d'elles-mêmes ... Il ne reste plus qu'à les exploiter !
Par contre, l'adulte doit être prêt à accepter les passions des enfants,sans juger ... On a aussi un travail à faire de notre côté, car ce n'est pas toujours facile !
Et on sort de notre zone de confort : adieu les préparations réalisées en amont et qui rassurent ... :-/
J'avoue que c'est difficile ! :-D