"Le commencement de toutes les sciences,
c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont."
Aristote, Métaphysique.
"COQUELIPOP !"
Louiselle, deux ans, répète ce mot farfelu peu avant de s'endormir.
Au réveil, le coquelipop est toujours là .
"Coquelipop ! Où es-tu, Coquelipop ?"
Et toute la journée, dans le jardin écrasé par un été indécis, les voix des enfants retentissent - car Antonin, 3 ans et demi, n'a pas tardé à adopter la créature invisible : "Coquelipop ? Où es-tu, Coquelipop ?".
Le Papa et moi-même posons nos questions d'adultes :
"Mais, c'est QUOI, un coquelipop ?".
Notre étonnement ne rencontre pas celui des enfants, qui nous sourient gentiment sans répondre. Le coquelipop ne recevra jamais d'autre définition que ces sourires, l'étonnement des grandes personnes et l'amusement de toute la famille.
"COQUELIPOP" : Ce mot étrange sorti de la bouche d'un enfant a une étymologie toute
personnelle, répond à un besoin tout singulier. On ne peut pas
l'expliquer en employant les instruments courants d'une analyse
linguistique. Et pourtant, il existe...
La vérité, c'est que les enfants sont plein de "coquelipop" et de beaucoup d'autres choses encore, que les grammaires d'adultes n'essayent pas d'expliquer et dont elles ne s'étonnent, hélas, pas.
J'essaie de me souvenir qu'il faut s'étonner. S'étonner, c'est-à -dire : observer. Observer comment les enfants de tous âges cherchent l'étonnement, l'emploient et s'en amusent. Les enfants sont comme des sorciers, ou comme des chercheurs à plein temps qui remanient inlassablement leurs plans d'action, leurs théories et leurs idées. Si je n'oublie pas de m'étonner avec mes enfants, ma journée est gagnée.
"Où es-tu, Coquelipop ?" se propose de fixer, par écrit, mes idées et mes pratiques éducatives. Ce blog, c'est mon patrimoine familial et personnel d'idées et de matières pédagogiques. Je suis devenue blogueuse à la naissance de mon premier enfant, et j'ai rapidement constaté la fonction stimulante d'une telle documentation. J'espère pouvoir poursuivre longtemps le journal de mes activités éducatives : grâce à cette "objectivation", mes errements pédagogiques se chargent d'une énergie, d'un sens ; ils deviennent processus. Écrire me permet de me mettre mentalement à une certaine distance de ce que j'observe ; écrire me permet d'analyser sans jugement, de tirer des conclusions des faits observés. Écrire me permet d'intérioriser : le fait vécu prend sa place dans un bagage d'expériences, un récit d'apprentissage - le mien.
Voilà plusieurs mois que les enfants ne jouent plus avec Coquelipop. Serait-il retourné dans les limbes dont ils l'avaient tiré ?
Je suis sûre du contraire. Coquelipop est en moi, c'est le nom et le visage de mon modeste cheminement.😊