Je tiens beaucoup à associer mes enfants à l'élaboration de leur propre savoir. C'est d'ailleurs un des principes phare de la pédagogie Reggio : lors d'une séquence d'apprentissage, tous les enfants doivent être en mesure de s'impliquer et de jouer un rôle actif dans toutes les étapes qui la composent. L'adulte doit accepter que l'importance et la nature de ce rôle changent en fonction des besoins et des intérêts de cet enfant-là à ce moment-là, et aménager la situation pour que ce que chacun a à donner soit accueilli à sa juste valeur. Pour mes amies-collègues qui me lisent, tout cela fleure bon la pédagogie de projet, qui était tant à la mode dans les années 2002-2006 et qui a (hélas !) disparu depuis, comme par enchantement, de la bouche et de la plume de notre hiérarchie... 😕
Il y a déjà plusieurs semaines, un Damoiseau et une Damoiselle bien motivés sont sortis au jardin pour aller récolter des fleurs. Objectif : sélectionner les plus belles fleurs pour les garder longtemps-longtemps.
J'insiste auprès d'eux sur le fait qu'il faut cueillir les tiges les plus longues, de façon - si possible - à recueillir quelques feuilles, qui sont presque aussi importantes, dans l'identification de l'espèce, que la fleur. Bon, cela reste difficile pour les petites mains, mais en guidant leur geste, j'obtiens quand même quelques spécimens utilisables ! 😊
Je présente notre presse-fleur flambant neuf aux enfants (Si vous optez pour un modèle du même type que le mien, prenez soin d'ajouter des rondelles à chaque système de boulon, sans quoi il ne durera pas bien longtemps...). J'adore ce type d'objet : utile et esthétique, intelligent, il développe tout un tas de savoir-faire (dévisser, ôter les rondelles, déboiter les éléments, insérer les fleurs, replacer les couches de papier cartonné, enfiler les rondelles, revisser), des savoirs-être (attendre son tour, manipuler les fleurs avec précaution, écouter et s'exprimer), et des savoirs - principalement le nom des plantes (pâquerette, bouton d'or...) et de leurs parties (fleurs, pétales, feuilles, tige), mais c'est là finalement tout l'objectif de ma proposition, voir plus bas ! 😉
Les tiges de ces pâquerettes-là sont trop courtes... Tant pis, une fois sèches, elles seront utilisées pour autre chose... |
Quinze jours plus tard...
Tadam !! |
... nous n'avons pas trop de quatre paires de mains pour ouvrir enfin notre presse-fleur (ben quoi, il y a quatre vis, non ?). 😊
Les enfants ravis découvrent leur récolte séchée, et nous entreprenons de coller les spécimens sur de petites cartes en bristol.
Les enfants enduisent les cartes de colle l'un après l'autre : je ne propose qu'un ensemble pot-pinceau et ils doivent attendre leur tour.
Je me charge d'appliquer les tiges, parce que c'est une tâche vraiment délicate. Les enfants le comprennent et l'acceptent très bien.
Je légende (et choisis une écriture en capitale d'imprimerie, pour changer et surtout parce que c'est celle qu'Antonin connait) et plastifie : et voilà ! 😊
Voilà un jeu de mise en paire comme je les aime : il faut reconnaitre des objets similaires (ici, les plantes sont de même espèce) mais pas identiques ; ce serait d'ailleurs impossible en utilisant des spécimens vivants, puisque chaque individu a ses particularités propres. L'enfant doit donc accéder au concept d'espèce en prenant des indices botaniques (couleurs, taille, forme des feuilles, etc.) ; lorsqu'il grandit, on peut essayer d'affiner avec lui cette observation en comptant le nombre de pétales ou de sépales, en dessinant la forme des feuilles ou en observant l'organisation du pistil et des étamines...
Pour le moment, chez nous, une telle précision est impossible... N'oubliez pas que ce sont mes enfants (d'à peine deux ans et d'un peu plus de trois ans) qui ont disposé les fleurs dans le pressoir. Certes, un botaniste aurait bien à y redire : les feuilles et les fleurs sont écrasées, pliées... Je vois bien qu'il aurait fallu les disposer d'abord avec une pince à épiler et anticiper la pression pour faire en sorte de donner à voir un maximum d'éléments... Que voulez-vous, cet objectif-là sera pour un peu plus tard (mais si vous avez des enfants entre 7 et 14 ans, foncez !)...
(Et pendant qu'on y est : la plupart des cartes ont été encollées beaucoup trop généreusement... On peut rêver plus esthétique, mais quoi : ce sont mes enfants qui l'ont fait !!) 😊
Enfin, je n'ai bien sûr légendé qu'une carte sur deux, puisqu'il s'agit de reconnaitre une plante, et non un mot... 😉
Ces petites cartes sont aussi un support parfait pour les leçons à trois temps ou des jeux de mémos... Gageons qu'avec le temps nous trouverons d'autres utilisations encore à cet herbier un peu particulier ! 😊
P.S. J'ai pris connaissance de tous vos commentaires laissés pendant mes vacances. J'y réponds au plus vite ! 😊
un beau billet :) ici aussi on adore les herbiers :)
ReplyDeleteBon retour :)
Encore une chouette idée ! Que d'inspirations dans votre blog :-)
ReplyDeleteUne belle idée... encore !
ReplyDeleteUn article qui sent bon le printemps ;-) !
ReplyDeleteIci, il ne se sent pas encore très concerné par les fleurs mais ça viendra !
C'est super! J'adorerais avoir le temps de mettre la chose en place avec le CE2...
ReplyDeletePour ce qui est de la botanique, j'ai pensé à faire quelque chose (de plus modeste!) avec la gommette en abordant la chose d'un point de vue qui lui est cher: la couleur!
Donc, je prévois (et il me reste à plastifier!) des petites cartes de nomenclatures des fleurs observées chez nous et reliées par couleur.
Avec: le pissenlit, la jonquille,le narcisse, la tulipe, le bouton d'or, le coucou , le colza et le mimosa dans les fleurs JAUNES (toutes observées et toute connues! il faut que je m"active avant qu'elles ne disparaissent toutes du paysage!)
Puis (parce qu'au printemps, le blanc remplace le jaune avant une avalanche de couleurs!) le sureau, la paquerette, les fleurs d'acacia etc pour le BLANC...
Je garde ton idée en stock, comme toujours!
Je garde ton idée en stock...comme toujours!
Joli-joli. Comment procèdes-tu pour plastifier?
ReplyDeleteJ'adore ! J'adorais mon herbier petite
ReplyDeleteCe presse fleurs est magnifique... ça doit être très motivant...vu le nombre de bouquets que je reçois tous les jours lors de chaque promenade je pense que ça plairait aux filles!
ReplyDeleteIl doit etre facile a faire :) avec 2 planches et faire le meme principe et l'enfant decor la premiere planche. Je pense que je vais essayer de fabriquer pour l'instant on utilisait des livres
DeleteJe me frappe le front en me disant petard comment n'y ais je pas pensé ;) On passe tellement de temps au jardin !!
ReplyDeleteEncore une trés chouette idée , je me souviens d'en avoir fait un etant plus jeune et j' y avais pris beaucoup de plaisir :)
Bonjour,
ReplyDeleteJe me joints aux autres cocommentaires pour féliciter ton blog.
Mon grand (32 mois ) me cueille des pâquerettes, boutons d'or et pissenlits a chaque sorties.
Je vais donc m'empresser de mettre cette activité en place pour son plus grand plaisir.
Merci pour ce blog, qui est une réelle mine d'inspirations pour moi.
Maeva
Pour ma part, mon petit m'offre des pommes de pin... Ce sera version 3 D ;) !
ReplyDeleteTrop mignon :)
DeleteRien à voir avec cet article en particulier, mais c'est une bonne nouvelle : http://www.femininbio.com/voyages-loisirs/actualites-nouveautes/materiel-montessori-nature-decouvertes-75589
ReplyDeleteEncore un bel article qui me replonge à mes 5 ans lors d'une classe verte en montagne dans le Mercantour où la maîtresse fan de nature nous avait fait faire un cahier avec des fleurs pressées comme la gentiane (qu'il est maintenant interdite de cueillir dans ce parc :), merci encore
ReplyDeleteBonjour,
ReplyDeleteBel article, demain on sechera les fleurs cuillies.
A la fin de l'article, vous parlez des leçons à 3 temps, pourriez vous m'expliquer ce que c'est svp ?
Merci
Bonjour Céline, tout est là : http://www.mercimontessori.com/2014/01/lecon-en-trois-temps.html
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