La main à la pâte

(Antonin a 25 mois)

OUI !! OUI !! Cette fois, ça y est ! Quand je vous dis que le "déclic arts plastiques" a eu lieu...

La semaine dernière, j'ai concocté une pâte à modeler maison pour Antonin : le premier jour, il a patouillé pendant 1h30 sans discontinuer, le second jour, il y a joué 1 heure dans la plus grande concentration. Depuis, si les séances sont de longueurs variables, il ne se passe pas un jour sans que le Damoiseau me réclame son kit modelage - que je ne peux hélàs pas laisser à disposition à cause de Louiselle qui meurt d'envie de tout dévorer.

Je crois que ce qui nourrit vraiment l'engouement d'Antonin, c'est la proposition d'outils. Rien ne bien compliqué pour le moment, j'ai recyclé quelques éléments de dînette (moules, couteaux, rouleau...), rassemblé quelques rogatons d'objets de la vie quotidenne (couvercles de petits pots, carton ondulé...), collecté quelques éléments naturels (coquillages, coques de noix, pommes de pin...)... Je vous en reparlerai bientôt.

Pour aujourd'hui, j'aimerais partager avec vous une erreur à ne pas commettre. Je vous l'ai dit, j'ai fabriqué la pâte à modeler moi-même. J'étais toute fière d'utiliser cette recette, bien connue des écoles maternelles et des crèches, et qui permet d'obtenir, pour un prix de revient modique, un beau morceau de pâte bien souple et qui se garde un an à condition d'être bien enfermé dans un sac en plastique hermétique. J'ajoute que c'est aussi facile à réaliser qu'une sauce béchamel (enfin, que 10 sauces béchamel à la suite, j'ai eu des courbatures dans le bras tout le lendemain !).

L'ingrédient secret ? L'alun de potassium. Du sel de potassium, quoi, qui évoque cette sympathique pierre naturelle qui sert de déodorant... Et puisque ça s'achète en pharmacie au tout venant, ça ne peut pas être dangereux, hein ?

Ça, c'est tout moi. Je fonce, et je réfléchis ensuite. Le soir de cette merveilleuse journée au cours de laquelle Antonin a découvert les joies du modelage, j'ai eu un doute. Je suis allée voir sur Wikipédia, et là, j'ai appris que l'alun de potassium était en fait un sel double (quelle rouerie) : potassium et... aluminium ! Lequel aluminium est classé parmi les substances toxiques depuis 2011, et qui peut pénétrer dans l'organisme de l'enfant s'il porte la pâte à la bouche (ce qu'Antonin me manque pas de faire, ne serait-ce que pour s'assurer que c'est toujours aussi infâme depuis tout à l'heure), ou s'il a une petite plaie sur les mains (et mon Damoiseau qui se coupe le doigt avec la page d'un livre pour la première fois justement ces jours-ci !).

Bon, notre belle pâte à modeler aux couleurs des couches de Louiselle avant la diversification de curry va aller à la poubelle... Et je vais encore devoir donner des sous à mon magasin de loisirs créatifs préféré... :-(

Malgré ce triste échec,  cet article ne s'achèvera pas sans la "petite remarque pédagogique du jour". ;-)

Comme toute les activités ce que je propose à Antonin, j'essaie de bien en  circonscrire le début et la fin. Lorsque le Damoiseau manifeste son envie de modeler, nous commençons par ranger la pièce où nous travaillons. puis, nous allons chercher un tablier, que je lui mets, et seulement ensuite, je sors la "mallette à modeler". J'aime bien mettre un fond de musique classique pendant l'activité, ça calme tout le monde et contribue à en faire un moment spécial. La seule règle pendant le modelage est de laisser pâte et outils sur la table (Louiselle rôde...). Quand Antonin commence à s'éparpiller, je lui demande s'il a terminé, s'il veut ranger. Nous rangeons ensemble, ôtons le tablier, allons nous laver les mains, et le Damoiseau est alors libre de passer à autre chose.

Cette structure est immuable, et non-négociable.  S'il y a quelques grincements de dents de temps en temps, généralement Antonin optempère avec plaisir ; je pense que ce cadre le rassure, l'aide à se repérer dans l'espace et le temps et le responsabilise. Et c'est à mon sens essentiel à la liberté totale qu'il a pendant l'activité.

Antonin trouve que la liberté, ça n'est pas compliqué. Il a apparemment plein d'idées et ne s'ennuie pas. Mais moi, j'ai parfois l'impression d'observer un petit martien aux moeurs incompréhensibles en regardant Antonin travailler. Il semblerait  par exemple qu'après avoir joué les apprentis pâtissier, il soit de toute importance de déplacer les oeuvres réalisées d'un plan à l'autre, en les disposant dans un ordre tout particulier. Ce transfert est exécuté avec méthode et grand sérieux, comme en témoigne l'exclamation finale : "Et voilà !"

Et moi, je suis ravie !! Ben oui, vous avez vu tout le travail que font ses doigts, pendant ce temps ??? ;-)