Attention ! Le premier qui, après avoir lu le titre de cet article, dira : "... Jeux de vilains !" se fera huer !! :-)
Cette comptines est parlée. Les deux mains sont en interaction, les gestes s'affinent (les mouvements des doigts entrent en jeu).
Cette comptine est parlée également, et très agréable à réciter, d'ailleurs. N'hésitez pas à théâtraliser la petite bulle qui monte, qui monte, qui monte... !! Le geste fait se joindre l'index et le pouce ; l'enfant distingue alors deux doigts, c'est un exercice préliminaire à la pince à deux doigts.
Illustration de Philippe Dumas, Enfantines, p. 91 |
Maria Montessori n'a pas, à ma connaissance, théorisé sur ces petites formulettes enfantines que l'on mime avec les mains (corrigez-moi si je me trompe, ah, cette fichue absence d'indexage de ses oeuvres !!). Elle aurait pu le faire, tant il est vrai que pour elle la main est l'instrument de l'intelligence. Et ce qu'on appelle traditionnellement "les jeux de doigts" sont de merveilleux vecteurs d'apprentissage. Non seulement ils inscrivent l'enfant dans une tradition culturelle, structure son langage et affine son schéma corporel, mais ils sont, plus spécifiquement, d'excellents introducteurs à l'exercice du dénombrement ou de l'écriture, puisqu'un de leur premier objectif est de muscler mains et doigts et de perfectionner les gestes fins.
En ex-bébé signeur, Antonin est habitué à parler avec ses mains. Je dis "ex-bébé signeur" car, quoiqu'il signe toujours, il ne le fait plus avec autant de bagou que l'été dernier (je me souviens qu'il avait beaucoup amusé et étonné les invités au mariage de mon frère par ses longs discours gestuels ! Nous n'en sommes plus là aujourd'hui), et je dirais que sa propension à utiliser les signes décroit en proportion de ce que son lexique s'accroît. Mais même quand il signait beaucoup, Antonin a toujours déformé les signes, n'utilisant pas forcément le bon doigt, ne plaçant pas forcément sa main correctement... Il y a des apprentis-parleurs qui produisent immédiatement les "bons" mots, sans les déformer... En est-il de même pour les apprentis-signeurs ? Je l'ignore... Si vous avez des témoignages...
Ces observations que j'ai menée sur mon fils, mais aussi sur des élèves de TPS/PS, m'ont à nouveau convaincue de l'importance d'une progresion rigoureuse dans l'apprentissage des comptines enfantines : avant les jeux de doigts à proprement parler, je préfère proposer des jeux qui engagent la motricité de toute la main, et qui vont exiger, petit à petit, des gestes de plus en plus précis, de mieux en mieux maitrisés.
Je voulais aujourd'hui vous communiquer les "jeux de mains" que je chante et mime avec Antonin. Je me suis largement inspirée de mes chères Enfantines, mais aussi de ce très bon petit livre (cadeau de mon amie Lucie, merci à toi !) qui a sur le premier l'énorme avantage... de fournir un disque ! ;-)
Voici donc quelques petites comptines progressives, qui mobilisent toute la main dans des mouvements variés :
1. Pomme de Reinette et pomme d'Api
L'enfant s'approprie très vite le mouvement de va-et-vient des deux poings l'un sur l'autre, même s'il peut le faire maladroitement au début. Le poing clos, le geste proche du corps, favorise une concentration sur soi-même et son action.
2. Dansons les belles mains
Vous pouvez écouter cette chanson ici.
Cette fois, les mains s'éloignent du corps et se projettent devant lui. Il s'agit de faire, en fait, le mouvement des "Petites marionettes" (rotation des poignets) pendant toute la chanson.
Cette fois, les mains s'éloignent du corps et se projettent devant lui. Il s'agit de faire, en fait, le mouvement des "Petites marionettes" (rotation des poignets) pendant toute la chanson.
3. La belle menotte
Vous pouvez écouter cette chanson ici.
De même, il s'agit du mouvement de rotation des "Petites marionnettes". Mais cette fois, on alterne une main puis l'autre (on change à chaque phrase). Il s'agit bien de dissocier les deux mains, et de commencer à préparer la latéralisation. Sur la dernière phrase : "Ah, la belle menotte à l'enfant !", une main peut venir caresser le dessus de l'autre.
4. Ainsi font font font
Suite logique, puisqu'il s'agit du même mouvement de base, que d'autres, plus complexes, viennent enrichir. L'enfant explore les différents plans. Le plan vertical (rotation des mains devant soi) alterne avec le plan horizontal (les moulinets des mains). On fait les gestes devant soi, et aussi derrière soi, puisque les mains vont se cacher derrière le dos.
5. Le monde qui bouge
Suite logique, puisqu'il s'agit du même mouvement de base, que d'autres, plus complexes, viennent enrichir. L'enfant explore les différents plans. Le plan vertical (rotation des mains devant soi) alterne avec le plan horizontal (les moulinets des mains). On fait les gestes devant soi, et aussi derrière soi, puisque les mains vont se cacher derrière le dos.
5. Le monde qui bouge
Vous pouvez écouter cette chanson ici.
Sur "Le monde qui bouge/Dors mon cheval rouge", les mains s'agitent doucement comme pour dire "Au revoir". "Monde ne fait rien/Dors mon cheval brun" : les mains se rapprochent et les doigts s'entremêlent. "Et le petit dormira dans son lit" : en gardant les mains croisées, on imite la forme d'un berceau qu'on balance doucement. Lors de la reprise de la dernière phrase, on réunit les deux mains à plat sous une joue en inclinant la tête vers l'épaule, comme pour imiter quelqu'un qui dort.
Comme la précédente, cette comptine permet de faire travailler les mains dans leur globalité, en insistant sur la coordination et l'harmonie du geste ; elle permet une première conscience des doigts grâce à l'entrecroisement.
Sur "Le monde qui bouge/Dors mon cheval rouge", les mains s'agitent doucement comme pour dire "Au revoir". "Monde ne fait rien/Dors mon cheval brun" : les mains se rapprochent et les doigts s'entremêlent. "Et le petit dormira dans son lit" : en gardant les mains croisées, on imite la forme d'un berceau qu'on balance doucement. Lors de la reprise de la dernière phrase, on réunit les deux mains à plat sous une joue en inclinant la tête vers l'épaule, comme pour imiter quelqu'un qui dort.
Comme la précédente, cette comptine permet de faire travailler les mains dans leur globalité, en insistant sur la coordination et l'harmonie du geste ; elle permet une première conscience des doigts grâce à l'entrecroisement.
6. Un gros chat gris dormait
Cette comptines est parlée. Les deux mains sont en interaction, les gestes s'affinent (les mouvements des doigts entrent en jeu).
7. Au cluguet, tiroluret
Vous pouvez écouter cette chanson ici.
Pendant toute la chason, l'index frappe la paume en cadence. L'enfant commence donc à distinguer un doigt. Sur le dernier mot de la comptine ("dé"), la main se re-ferme sur l'index qui la touche. Avec un enfant plus grand, on peut faire ce jeu à deux, où l'un des adversaires essaie d'attraper l'index de celui qui en frappe sa paume.
Cette comptine, parlée, reprend la distinction de l'index d'avec les autres doigts, mais en l'intégrant dans une suite de gestes plus complexes impliquant la coordination des deux mains.
8. Bonjour, petit pigeon blanc
Cette comptine, parlée, reprend la distinction de l'index d'avec les autres doigts, mais en l'intégrant dans une suite de gestes plus complexes impliquant la coordination des deux mains.
Cette comptine est parlée également, et très agréable à réciter, d'ailleurs. N'hésitez pas à théâtraliser la petite bulle qui monte, qui monte, qui monte... !! Le geste fait se joindre l'index et le pouce ; l'enfant distingue alors deux doigts, c'est un exercice préliminaire à la pince à deux doigts.
Seulement 9 comptines ? Ça n'est même pas un chiffre rond... Et je n'ai pas parlé de "Meunier tu dors", "Les petits poissons dans l'eau" (la comptine préférée d'Antonin !), et autre "Dérouler le fils", qui sont du même niveau de progression.
Mais je vous en réserve une 10e, qui permet de faire la synthèse de toutes celles-ci, pour le printemps prochain, en lien avec un projet "arts plastiques" ! J'aime faire durer le suspens !! ;-)
N.B. À mon sens, le bon rythme d'apprentissage pour cette tranche d'âge est d'une comptine par semaine, pas plus...
Mais je vous en réserve une 10e, qui permet de faire la synthèse de toutes celles-ci, pour le printemps prochain, en lien avec un projet "arts plastiques" ! J'aime faire durer le suspens !! ;-)
N.B. À mon sens, le bon rythme d'apprentissage pour cette tranche d'âge est d'une comptine par semaine, pas plus...