Lorsque Antonin avait environ 15 mois, j’ai lu un article sur la capacité des très jeunes enfants à choisir. J’avais alors réalisé que je lui donnais peu cette opportunité dans notre vie de tous les jours.
Je décidais donc de lui laisser choisir quelle histoire
nous allions lire le soir. Je prenais deux livres dans sa bibliothèque,
deux histoires de longueur similaires et que nous n’avions pas lues
dans la journée et je les lui présentais. Quelle ne fut pas ma surprise
de constater qu’il choisissait, oui, et avec une rapidité et une sureté
incroyable pour l’adulte que je suis (qui a tendance à peser un peu
longuement le pour et le contre, à balancer, voire à revenir sur
certaines de mes décisions…). Jamais Antonin, après avoir élu un livre,
ne s’est ravisé.
Le temps a passé, et le rituel du soir s’est quelque peu allongé en
proportion de la fringale de lecture du Damoiseau ; vint le jour où nous
passâmes à trois lectures à l’heure du coucher. Je
gardais le même principe, en lui présentant les livres deux à deux, mais
trois fois de suite. Antonin choisissait ses trois livres un à un et
allait les déposer sur son lit, bien en tas, au fur et à mesure.
Et puis, il y eu une petite régression : lorsque je
lui présentais deux livres, Antonin, qui avait à présent construit que
le fait de sélectionner un objet en éliminait un autre, attrapait… les
deux ! Ce faisant, il me regardait avec une petite lueur malicieuse dans
les yeux d’un air de dire : « Je t’ai bien eue, hein ?« . Je
décidais de laisser faire et choisissais moi-même la troisième histoire –
pour ne pas avoir à en lire quatre, car le soir, moi aussi j’ai sommeil
! ;-)
Cette phase de non-choix, durant laquelle Antonin
éprouvait visiblement des difficultés à renoncer à certaines lectures
que je lui présentais, dura quelques mois. Elle est à présent révolue.
Parfois, quand je présente deux albums au Damoiseau, il n’en veut aucun
des deux ; parfois, il prends les deux ; parfois il me désigne lui-même
le livre qu’il souhaite dans sa bibliothèque (ou me le nomme, s’il sait
en prononcer le titre). C’est chouette.
Je suis du coup beaucoup plus attentive à cette capacité de faire ses
propres choix chez ma petite Louiselle de 7 mois. C’est là d’ailleurs
que la disposition des jouets à sa portée, organisés de façon ordonnée,
prend tout son sens. Louiselle sait toujours parfaitement ce qu’elle
veut. À travers ses mouvements qui la portent vers les objets qu’elle
convoite, c’est sa confiance en elle qui se construit.
Quelle merveille que cette capacité à choisir, si
précoce, et comme nous devons être attentif, nous autres adultes, à ne
pas l’abîmer ! Car bientôt, nos enfants ne seront plus des enfants, et
ce seront alors des choix de vie qu’ils devront effectuer… Puissent-ils
le faire avec autant de détermination !
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