Pousser - tirer
September 04, 2012
Depuis la fin de la canicule, je sors avec mes deux
bébés, quel que soit le temps, au moins une heure par jour. Cela doit
paraître bien dérisoire à ceux d’entre vous qui habitent à la campagne,
mais c’est pour nous toute une organisation ! Néanmoins, je suis très
satisfaite de la manière dont les choses se passent, car Antonin se
repère maintenant très bien et je peux, en zone piétonne, le laisser marcher à côté de moi sans être sur le qui-vive.
A Grenoble, ce ne sont pas les parcs et les aires de jeux qui
manquent. Avant la promenade, je choisis une destination en essayant de
considérer ce que l’agencement de l’espace peut induire
chez le Damoiseau en terme d’activité physique. Car il s’agit bien de
cela ! Qu’Antonin se dépense, et même s’il est loin d’être du genre
« surexcité-à-courir-partout », nous rentrons généralement épuisés et
heureux.
Ce matin, j’ai dirigé nos pas vers un chemin que j’avais choisi pour
ses bancs : de larges bancs bas sur lesquels j’imaginais bien Antonin
marcher en équilibre… Et puis, arrivé au bout du banc, peut-être
aurait-il eu l’idée d’essayer de sauter en contrebas… C’est intéressant, parce que c’est quelque chose que le Damoiseau ne sait pas encore faire, sauter en contrebas…
Évidemment, les choses ne se passent jamais comme je l’imagine au
préalable, pour la simple raison qu’une fois sur place, je n’incite pas
Antonin à faire ce que j’ai pensé qu’il pouvait faire ; c’est à lui
d’investir le lieu comme il l’entend. Et si nous n’avons pas, lui et moi, la même idée sur le sujet, je dois dire qu’il ne s’ennuie jamais !
Ce matin, donc, le large chemin pierreux bordé de zones herbues l’a beaucoup intéressé… pour pousser et tirer
sa poussette ! Passionnant, et pas toujours évident ! En tout cas, très
bon pour muscler les biscottos, expérimenter la résistance des
différents sols, prendre des repères dans un espace donné, évaluer le
poids d’un gros objet à travers différentes actions motrices telles que
« saisir », « immobiliser » ou … « tomber avec » !
Encore une fois, mon fils m’a donné un bel exemple de séance improvisée, qui n’aurait pas pu être plus adaptée si je l’avais construite en amont !
Si vous avez envie de proposer à votre enfant d’environ deux ans une situation qui puisse lui permettre de comprendre qu’il peut avoir une action sur un objet par des contacts simples
(pousser, tirer, etc.), il suffit donc de lui proposer des matériaux
(assez volumineux si possible) permettant des saisies diverses. Je
partage avec vous ce très bon petit document, extrait de Agir dans le monde, 2 à 6 ans,
ACCÈS Éditions, p. 82. Si vous avez un jardin, il vous sera très facile
de proposer ce type de situation, mais pour les jours de pluie, un
garage convient bien aussi (voire un salon dont on a poussé les meubles
pour les malheureux citadins dont je fais partie).
Une fois le matériel réuni, il n’y a plus rien à faire pour l’adulte.
Vous avez organisé l’activité de manière à ce que l’enfant soit actif
et sollicité par le matériel, alors oui, oui, vous pouvez vous affaler
dans un coin en sirotant une grenadine ! Et pour l’enfant, il s’agit de faire ce qu’il sait déjà faire en
utilisant les objets mis à sa disposition, et, au fur et à mesure des
séances, de découvrir en lui de nouvelles capacités motrices. Ses
efforts participent à la construction de cet individu particulier qu’il
devient de plus en plus finement. Il se construit son stock personnel d’expérimentations.
D’où l’importance de la variété du matériel proposé
(objets lourds, encombrants, que l’on peut saisir à une main, à deux
mains, seul ou à plusieurs…) pour permettre à l’enfant de varier ses
réponses (faire glisser, saisir, soulever…). Si vous êtes assistante
maternelle, ou que ce jour-là vous gardez les enfants du voisin, c’est
encore mieux : ce type d’activité peut permettre une première approche,
un premier contact avec l’autre (sans que celui-ci soit imposé, bien sûr
!).
Chaque enfant se dirigera vers ce qu’il maîtrise le mieux ou vers ce
qui l’intéresse le plus, et vous serez parfois surpris (tout en
dégustant votre grenadine) des actions qu’il met en œuvre, et
auxquelles vous n’aviez pas pensé ! Et une fois votre grenadine
terminée, rien ne vous empêche d’essayer d’observer les
comportements de votre enfant (actif ou en retrait ? recherchant la
diversité ou la répétition ? sollicitant les autres -si autres il y a-
ou pas ?) en gardant bien à l’esprit qu’il n’y a pas de « bonnes » ou de
« mauvaises » réactions. Mais les actions de votre enfant vous
donneront sans doute d’autres idées…
Et la preuve en image qu’en appartement, c’est possible aussi :
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