Il y a quelques semaines, je vous faisais part ici d’une situation assez pénible que j’avais un peu de mal à décrypter : les chouinements ininterrompus du Damoiseau. J’adresse au passage un merci particulier à Luluberlue (grâce à qui nous avons testé les Fleurs de Bach, avec un relatif succès, m’a-t-il semblé) et à Aya dont le commentaire m’a mis la puce à l’oreille : car si la naissance de sa soeur a été pour Antonin un bouleversement radical, il me semblait que la cause profonde était ailleurs… Cette cause, je crois à présent l’avoir trouvé dans la frustration permanente d’un grand bébé qui commence à comprendre comment son petit monde fonctionne, mais n’a pas encore la compétence nécessaire pour le faire fonctionner seul.
Or, cette frustration, je ne peux (et ne veux) rien faire pour
l’éviter à Antonin. Elle est constitutive de la nature humaine, et il
n’en a pas fini avec elle ! La question devenait donc : comment lui
permettre d’exprimer cette frustration autrement que par ce comportement fébrile usant pour moi et notre relation ?
C’est alors que je me suis souvenue de la théorie d’Aletha Solter, dont je vous ai déjà parlé ici, et qui prétend que les pleurs ont justement cette fonction cathartique, aussi indispensable à l’être humain que le fait de s’alimenter ou de dormir.
Jusqu’à il y a quelques mois, j’étais très attentive au besoin de
pleurer d’Antonin. Les crises avaient souvent lieu après la sieste. Je
restais tout près de lui en lui caressant le dos et en essayant d’écouter et
d’adopter une attitude positive. Ce fut pour moi toute une démarche
personnelle que d’accepter ces crises dans un état d’esprit de joie,
tant il est vrai que les pleurs sont socialement condamnés (« Que tu es grand, tu n’as même pas pleuré, c’est bien ! »
dit-on aux petits courageux). Ces séances duraient environ une heure,
et elles se répétaient trois fois par semaine à peu près. Après avoir
pleuré, Antonin était toujours très câlin, très calme et serein.
Et puis… J’ai dû perdre l’importance de ces séances
de vue. J’ai dû, petit à petit, adopter une attitude consolatrice pour
éviter les crises. Le Damoiseau a certainement accumulé colères,
tristesse et frustrations. Il a certainement déployé de puissants
« automatismes de contrôle » (la têtine en est un, c’est certain !) pour
éviter lui-même d’avoir à pleurer. Et il est devenu pénible.
Mais depuis quelques semaines, je fais à nouveau très attention. Je
sens la crise arriver : le Damoiseau chouine, il est « pot-de-colle »,
il enchaîne menus « caprices » et provocations. Et puis, souvent au
réveil, ça éclate. Il pleure tout son saoul, avec fureur,
parfois pendant plus d’une heure. Puis, une fois toute la tension
libérée, il redevient le petit garçon joyeux et curieux avec lequel
j’aime tant passer mes journées !
Mais je rencontre deux problèmes à cette mise en pratique :
- Premier problème : lors de ces crises de
défoulement, Antonin semble ne pas supporter d’être tenu dans les bras.
Si j’essaie de le contenir, il me repousse en hurlant, et ne revient
vers moi qu’à la fin de la séance de larmes. D’après Aletha Solter, il
faut insister, car cette lutte entre l’enfant et nous fait partie du
processus : cela permet à l’enfant de concrétiser ce « combat »
permanent contre tout ce qui le dépasse et est source de frustration.
D’après elle, même si l’enfant se débat, il veut être pris dans les
bras, et il en a besoin pour s’assurer de l’inconditionnalité de notre
amour en ce moment où il est particulièrement « pénible ». Mieux, ce
contact physique aide l’enfant à se libérer de son chagrin, et sa colère
en est la preuve ! Mais c’est du sport ! Et, forte charge symbolique ou
pas, c’est une lutte ! Il faut être préparé à cela, et j’avoue que je
n’y parviens pas. Je laisse Antonin pleurer à quelques pas de moi sans
le toucher. J’essaie de lui parler mentalement, de lui envoyer mes
pensées positives ; j’espère qu’il le ressent et c’est tout ce que je
peux faire en terme de « contact ».
- Deuxième problème : il est important de ne pas
laisser l’enfant pleurer seul ! Je pense que nous sommes toutes d’accord
sur ce blog pour dire qu’abandonner l’enfant face à sa souffrance est
vraiment dommageable. La présence de l’adulte (et si possible, donc, son contact chaleureux)
est indispensable pour que ces crises soit salvatrices. Mais… j’ai
Louiselle aussi, dont je dois m’occuper, et que je ne peux pas laisser
seule face à son propre désarroi ! Or, en entendant son frère pleurer,
la Damoiselle s’angoisse. A croire qu’elle comprend dans le détail ce
qu’il exprime, et qu’il s’agit de toute la misère du monde ! Et me voilà
avec deux bébés hurlant… Impossible, dans ces conditions, de donner de
l’attention aux deux ! C’est une situation compliquée, mais récurrente.
Je suis alors obligée de distraire Antonin de son besoin de pleurer
alors que je sais que c’est le moment pour lui… Je suis contente quand
ses crises ont lieu de 6h30 à 7h30 du matin (mais mon voisin, beaucoup
moins…), parce que mon mari est là pour rassurer Louiselle !
Il est à noter que lorsque c’est Louiselle qui fait
ses séances de larmes (et oui, elle aussi ! et cette fois, je ne lui
colle pas de tétine dans la bouche, mais je l’écoute !), Antonin, lui,
est tout à fait serein et n’interrompt pas ses activités pour autant…
Encore une chance !
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