Au jour d’aujourd’hui qui n’écoute pas de musique
? Qui, aujourd’hui, n’a pas son ordinateur avec la possibilité de
télécharger tout ce qu’il désire en MP3, qui n’a pas son I-Pod ? Nous à
la maison, nous avons deux ordinateurs et demi (si on compte le portable
professionnel de mon homme) et deux I-Pod.
(C’est mal, mais on n’a pas de télé, est-ce que ceci compense cela ??)
Alors, il y a belle lurette que nous nous sommes dit qu’il était inutile de s’encombrer
de nos CDs ; nous les avons tous copiés dans notre musicothèque
virtuelle, et les CDs sont descendus à la cave, libérant ainsi un bon
pan de mur du salon.
Les mois ont passé, et un jour j’ai réalisé que je n’écoutais plus de musique.
C’est vrai, souvent j’ai envie d’écouter un morceau, mais l’idée
d’allumer l’ordinateur me décourage immédiatement, sans compter qu’il
faut faire les branchements nécessaires aux enceintes, puis chercher mon
morceau… et souvent ne pas le lancer, parce que devant la multitude
d’albums proposés, je ne suis plus vraiment sûre de ce dont j’ai envie
(attitude typique du « zappeur »)… Et bien voilà, petit à petit, je me
suis mise à ne plus écouter de musique. En devenant Maman, j’ai donc
craint que mes enfants n’en écoutent pas beaucoup non plus. Il fallait
agir.
Il y a quelques semaines, je suis redescendue à la
cave, et j’ai remonté tous les CDs qui me manquaient vraiment. J’ai
dépoussiéré un petit poste radio-lecteur cassettes et CDs,
le genre de petit truc à 30 euros dont le son n’est pas optimal mais
qui a l’avantage d’être pratique et léger, et nous l’avons installé au
coeur de l’appartement, à l’exact croisement de la cuisine, du couloir,
du salon et de la chambre des enfants. Et oh, miracle, je me suis mise à
réécouter de la musique. Et Antonin et Louiselle aussi.
Une précision s’impose ici : pour
moi, écouter de la musique, ça n’a jamais été l’écouter en bruit de
fond. C’est un peu comme la télévision : je suis toujours surprise
d’entrer dans des maisons où la télé fonctionne en permanence et dans
lesquelles les gens vivent avec ces images et ces bruitages. Ils ne
semblent pas en être génés. Je ne sais pas si c’est parce que je n’ai
jamais eu la télévision (non, même enfant, et non, non, je ne suis pas
une extraterrestre !), mais quand elle est allumée, moi, je ne peux pas m’empêcher… de la
regarder ! Et même je dois dire que cela m’hypnotise pas mal ! Mes hôtes
souvent doivent me trouver complètement impolie, je rentre, je dis
« Bonjour ! »,… et je m’abîme dans la contemplation de l’écran ! (Enfin,
au bout d’un moment, j’arrive quand même à m’en extirper et à demander
d’une petite voix si on ne peut pas éteindre, ce qui m’est toujours
accordé). Bref, tout cela pour dire, qu’avec la musique c’est pareil. Je
ne parviens pas à ne pas l’écouter. Ce qui est vite fatiguant et
anti-social, il faut bien l’admettre.
Mais en y réfléchissant, je me dis
aussi que c’est une bonne chose. Moi, j’aimerai bien que mes enfants, le
jour où ils regarderont la télévision, la regardent vraiment (et avec
un sens critique bien aiguisé) et j’aimerai aussi que, quand ils
écoutent de la musique, ils l’écoutent vraiment.
La question devint donc : comment faire écouter de la musique à un bébé de 19 mois, et à un autre de 3 mois, de telle façon qu’ils l’écoutent vraiment ?
J’écoute peu de musique car cela signifie pour moi
tout arrêter, m’asseoir dans le canapé et fermer les yeux… Je ne peux
exiger d’eux cette attitude, bien évidemment ! C’est donc à moi d’avoir à
présent une écoute plus « active » pour leur permettre de construire leur propre sensibilité. Et bien sûr, tout dépend aussi de ce que l’on écoute :
1. Les berceuses. Pendant les deux
premiers mois de Louiselle, nous n’avons écouté quasiment que des
berceuses. Dès qu’elle était un peu chagrine, je la prennais dans mes
bras et la berçais pendant que nous écoutions ce disque-là :
En fait, nous n’en écoutions même que les 11
premières chansons, qui seules sont des berceuses (après ce sont des
comptines plus rythmiques). Généralement, à la onzième chanson, la
Damoiselle dormait benoitement. Mais pendant 11 chansons, nous n’avions
fait que cela, elle et moi : écouter (et, pour ma part, chanter, aussi, et bercer en rythme).
2. Du classique. Là encore, nul besoin, à mon avis, inonder les jeunes oreilles. J’ai remonté exactement trois disques : un double CD de berceuses classiques, magnifique compilation dont je ne me lasse pas, cadeau de ma belle-mère ; Les quatre saisons de Vivaldi ; et Le carnaval des animaux
de Saint-Saëns. Antonin réagit dès que je lance un de ces morceaux ! Et
nous dansons ! Parfois dans les bras l’un de l’autre, parfois en
tournoyant chacun de notre côté ! Et encore une fois, quel que soit le
temps passé à cette activité, il est consacré entièrement à la musique !
3. Des comptines. Là encore, j’y
vais doucement. J’ai attendu, malgré ma hâte, qu’Antonin soit en plein
boum langagier pour introduire un disque (celui-là,
mais ça aurait pu être un autre). Pour le moment, il ne connait que 3
comptines. Je prends le temps de les amener une à une, je les choisis
soigneusement en fonction de son vocabulaire et de ses intérêts du
moment. Et cette fois, l’écoute se traduit en gestes. J’invente une
gestuelle, en puisant conjointement dans le DVD fourni (qu’Antonin ne
regarde pas, il me regarde, moi !!), la LSF et mon inspiration du moment ! Le Damoiseau y prend beaucoup de plaisir, et nous, ses parents, aussi !
Car, c’est le plus important, dans cette histoire, le plaisir !
Et nous serons tous bien d’accord pour dire que la meilleure musique, à tout âge, reste celle-là :
Et si, comme moi, vous peinez sérieusement à arracher un son à un instrument, chantez !! ;-)
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