Bien sûr, Antonin le sait. Il l’a même su avant moi.
Bien sûr, nous en parlons. Peut-être pas assez. Peut-être mal. Et
puis, ce serait certainement se donner beaucoup de pouvoir que de croire
que l’enfant accepte immédiatement ce qu’on lui explique. En tout cas,
pour Antonin, il y a encore tout un travail de compréhension et
d’acceptation à faire. Mais n’est-il pas en face du mystère le plus
profond, qui fascine (et donc effraie) l’humanité depuis ses origines ?
C’est Antonin seul qui pourra dépasser ses craintes par rapport à la
naissance de sa petite soeur. Tout ce que nous pouvons faire est de
multiplier les outils dont il puisse se saisir pour ce faire.
La littérature enfantine :
Je pense que le premier reflexe des parents, dans cette situation,
est de faire une recherche sur la littérature existant sur le sujet. Il y
a des choses pour les enfants même très petits. Il ne coûte rien de les
lui lire. Je crois sincéremment que la littérature s’adresse
directement à l’inconscient et que, même à 15 mois, les messages
passent. Il s’agit ensuite pour l’adulte de saisir les réactions
subtiles venant du bébé et montrant qu’il apprécie particulièrement tel
ouvrage (signe, peut-être, qu’il lui “parle”). Et alors, il ne faut pas
hésiter à lire et à relire ! Les tout-petits (et les moins petits)
aiment la répétition !
Voici ma sélection pour Antonin :
La famille Gribouillis,
d’Edouard Manceau, Milan jeunesse, janvier 2009. Il s’agit d’un
véritable coup de coeur. Un petit livre simple, aux illustrations
archi-simples, pour répondre à la délicate question “Comment fait-on les
bébés ?”. C’est plein d’humour et de malice, avec un petit format carré
cartonné bien solide pour les tout-petits, et de larges volets à
soulever. Antonin l’écoute avec beaucoup d’attention et de bonne humeur.
Quand j’étais dans le ventre de ma mère, Didier Lévy et Yves Got, Albin Michel Jeunesse, 1998. Didier Lévy est l’auteur de la série des Cajou que vous connaissez peut-être. Moins connus, mais à mon sens plus savoureux : Petit Tom et la tata qui pique ou Mon doudou. Yves Got a, quant à lui, illustré et écrit la série des Didou.
Autant dire qu’il s’agit de deux grands pontes de la littérature
adressée aux tout-petits ! Franchement, cet album est magnifique par le
texte, un vrai poème ! Mais je suis moins convaincue par les
illustrations, caractéristiques de leur auteur, avec de gros traits en
contours et des aplats qui, à mon sens, menacent l’équilibre des
compositions. Je ne parlerai pas du fait qu’il s’agisse d’oursons, vous
connaissez la position de Maria Montessori sur le sujet ! L’histoire
n’aurait rien perdu (y aurait gagné ?) s’il s’était agit d’une famille
d’humains. Je pensais du moins que les illustrations allaient plaire à
Antonin, mais elles ne semblent pas assez contrastées à son goût… C’est
néanmoins une très belle lecture que je recommande !
Un tout petit pois,
Stéphane Servant, Rue du monde, coll. “Pas comme les autres”, avril
2009. Encore un coup de coeur, et non des moindres. J’aime cet auteur,
que je ne connais néanmoins que par cet album. Tout y est pour me
plaire, bien que le sujet soit peut-être un peu plus éloigné de celui
qui nous occupe : les illustrations épurées jusqu’au symbolisme,
l’écriture simple et profonde (philosophique : il s’agit de
l’élargissement de l’espace au fur et à mesure que l’enfant grandit, du
ventre de sa mère au ventre de l’univers). Je suis persuadée que ce type
d’approche parle aux tout-petits malgré leur complexité. Néanmoins, le
texte reste un peu long, et Antonin a des difficultés à rester attentif
jusqu’au bout. A reproposer plus tard !
Une petite soeur pour Fenouil,
Brigitte Weninger et Eve Tharlet, traduction de Géraldine Elschner,
NordSud, coll. “Les p’tits NordSud”, réédition de février 2011. Bon,
dans le genre, ce n’est peut-être pas un chef-d’oeuvre. J’ai acheté ce
livre parce qu’il traite directement du fait de devenir grand frère (il
en existe d’autres, évidemment) ; les illustrations sont mignonnes sans
être géniales, le texte un peu consensuel (mais j’aime quand même le
dialogue de la dernière page). Un atout de ce livre : il est
complètement cartonné bien que visant un public un peu plus grand que
les moins de un an. Antonin peut donc le manipuler à sa guise et semble
beaucoup l’apprécier.
Les imagiers de bébés :
Ici, il est question d’un imagier des bébés qui rencontre beaucoup de succès auprès des… bébés !
Le deuxième “outil” que j’ai donc mis à disposition d’Antonin est une
série de photos de bébés trouvées sur Internet (en essayant de ne pas
choisir de photos “stéréotypées” de bébés de pub’), plastifiées, et
auxquelles j’ai mêlée quelques photos de lui depuis l’été dernier
jusqu’à cet hiver. Quand la Damoiselle sera née, j’y adjoindrai quelques
photos d’elle également.
Verdicts :
- Je suis très intéressée de constater qu’Antonin ne se reconnait pas
lui-même sur les photos… Du moins, je n’en ai pas l’impression..
- Il adore manipuler ses cartes, mais surtout pour les ranger et les
déranger. Dès que je propose à Antonin un nouvel objet, je lui propose
du même coup de quoi le ranger. Ainsi, ses photos de Bébés se
présentent dans une petite barquette en plastique vert. Antonin a tant
et si bien associé les deux qu’il passe son temps à vider et remplir la
barquette avec les cartes ! Sans compter que la texture plastifiée et
souple lui plait fort. Il regarde les photoraphies, tout de même. Et
tend l’oreille quand je lui explique que l’on voit “des bébés” et que
dans mon ventre aussi, “il y a un bébé”. Mais comment savoir le chemin
intérieur que prennent mes mots dans son esprit ? De toute façon, il
est dans une phase tellement motrice (remplir et vider, empiler,
emboiter, transvaser, escalader) que je me dis qu’il ne peut pas aussi
passer de longues minutes à contempler des visages et à méditer sur le
mystère des origines. Un apprentissage à la fois !
La poupée :
Il y a un mois de cela, ma Maman a offert à Antonin sa première
poupée. Une poupée noire, parce que ça vaut toutes les “leçons”
anti-racistes du monde. Elle est agréable au toucher, et Antonin ne se
prive pas de la câliner (et de triturer ses paupières mobiles, qui
l’intriguent beaucoup).
J’encourage Antonin à investir sa poupée ces temps-ci. Comme le stade
de l’imitation est bien commencé, je me dis que ce sera peut-être pour
lui un moyen de participer à la relation que j’aurai avec sa soeur s’il
peut m’imiter avec sa poupée… Plus que l’imitation, c’est d’ailleurs
l’identification qui est en jeu : Antonin s’identifie à sa poupée (il la
traite plus comme une amie que comme “sa fille”) et il s’identifiera
aussi au nouveau-né à sa naissance. Françoise Dolto rappelle que si
l’aîné “teste” parfois les réactions de ses parents en ayant l’air de
vouloir faire du mal au dernier-né, c’est pour avoir la réponse à la
question muette : “Me protégiez-vous lorsque j’étais moi-même bébé ? Si
oui, protégez ce bébé-là… de moi !”. L’identification est saine et
permet de grandir, mais deux types d’identification (une bien réelle et
un peu douloureuse avec la Damoiselle, et une autre plus symbolique avec
la poupée) valent mieux qu’une, non ?
Le petit bonnet n'arrête pas de glisser... comme les vrais ! |
A suivre….
L’installation matérielle :
Le Damoiseau est associé autant que possible aux préparatifs matériels de l’arivée de la petite soeur.
Lorsque j’ai fait le sac pour la maternité, il a joué avec les
vêtements de la Damoiselle. C’était d’ailleurs un beau bazar, puisque le
jeu consistant surtout à tout déplier au fur et à mesure que je le
pliais, à éparpiller ce que je rangeais, etc. Dommage que je n’aie pas
pris de photos.
Le couffin qui abritera le nouveau-né est d’ores et déjà exposé dans
la pièce à vivre. Antonin a commencé par l’ignorer royalement, puis,
brusquement, en fin de semaine dernière, il s’y est longuement
intérressé. Il l’a fait glisser par terre et l’a rempli, puis vidé, de
ses petites bouteilles d’eau colorée. Mmmm… La chose ne sera pas à faire
quand la Damoiselle sera dedans… Si le jeu recommence, je devrai
soustraire le couffin pour ne pas qu’Antonin en prenne l’habitude. En
attendant de voir, je me dis que c’est par le jeu que l’enfant
s’approprie ces objets nouveaux… ?
D’autres installations matérielles sont évidemment à prévoir, dont je
vous parlerai bientôt. Nous y allons graduellement, tant pour Antonin
que pour nous d’ailleurs !
Comme autres livres, pour enfants de 2ans et plus je conseillerais :
ReplyDeletelivre sur l'attente et maman qui change : http://www.amazon.fr/gp/product/2013908709/ref=ox_sc_sfl_title_2?ie=UTF8&psc=1&smid=A1X6FK5RDHNB96
Allaitement, portage par maman et papa, ce que peuvent faire les grands avec le bébé, différents niveaux de lecture, un must ! (qu'étrangement, j'ai pu voir à...Aubert !!!) :
http://www.amazon.fr/gp/product/2803454785/ref=oh_details_o00_s01_i00?ie=UTF8&psc=1
Joli et poétique, mais que fais le bébé dans le ventre de sa maman ? http://www.amazon.fr/gp/product/294045650X/ref=oh_details_o00_s01_i01?ie=UTF8&psc=1
Par l'auteure de "Toi, moi et la tétée", pour parler de l'époque où c'était l'aîné qui était dans le ventre de la maman !
http://www.amazon.fr/gp/product/2361050102/ref=oh_details_o00_s01_i05?ie=UTF8&psc=1
Livre objet pour jouer à s'occuper de bébé : http://www.amazon.fr/gp/product/2203038063/ref=ox_sc_sfl_title_3?ie=UTF8&psc=1&smid=A1X6FK5RDHNB96
pour une fois, je n'ai pas trop aimé le "Balthazar" sur le sujet, mais non plus "Maman a besoin de moi" et autres Tchoupi, petit ours bruns ..
Aux quelques exemplaires que nous avons en commun, s'ajoutait chez moi, "Et dedans il y a" de Ashbé que mon fils a adoré, il la feuilleté un nombre incalculable de fois et m'a demandé de lui lire deux fois plus ... tout au long de ma grossesse et même après la naissance.
ReplyDeleteOui, c'est une perle !!
DeleteIl faudrait que je refasse cete sélection, elle n'aurait plus rien à voir si je m'y attelais aujourd'hui...
Mais une chose est sûre : "Et après, il y aura..." en ferait partie ! :-D
Merci !
Bonjour,
Deleteje suis la maman de Louisiane, 15 mois, et suis enceinte de 6 mois. Donc nos enfants auront à peu près le même écart qu'Antonin et Louiselle. Depuis hier soir, elle semble manifester de la jalousie, de l'inquiétude... je ne sais pas quel sentiment en fait par rapport à ma grossesse et veut passer beaucoup de temps avec Papa en me rejetant. J'aimerais donc lui expliquer encore mieux l'arrivée du bébé, sa petite soeur, et que je l'aimerai autant et toujours.
Pourriez-vous me donner quelques piste de cette nouvelle sélection de livre que vous conseilleriez aujourd'hui. En tout cas, je vais vite aller chercher "Et après, il y aura...". D'autant que Louisiane adore qu'on lui lise des livres, surtout avant de dormir.
Bonne journée.