J’ai été fort surprise lorsqu’un ami à moi, deux fois papa, a émis l’idée suivante : “Chez
les enfants, tous les apprentissages sont progressifs. Sauf la marche.
La marche, c’est soudain. Un jour, ils ne marchent pas, et le lendemain,
boum !, c’est acquis.”
Ah ? Je ne sais chez vous, mais pour Antonin, cela ne s’est pas du
tout passé comme cela. Cela a été, comme tous les apprentissages
effectivement, extrêmement progressif.
Le premier “pas“, si j’ose dire, a d’ailleurs sans
doute commencé lorsqu’il s’est mis à marcher à quatre pattes,
développant ainsi sa musculature. Un jour, il s’est dressé debout avec
appui. Et du même coup, a commencé son apprentissage de la chute (il est
très important de savoir tomber avant de savoir marcher, non ?). Puis,
par jeu, il a lâché ces appuis pour se laisser tomber dans de grands
éclats de rire. Plus tard, il s’est exercé à se mettre debout sans appui
; c’était difficile mais amusant. Et dans le même temps, rester
immobile, sur place, sans appui, c’était intéressant aussi.
Parallèlement, l’exploration de la maison continuait. Antonin marchait
de plus en plus vite, de plus en plus souplement, en s’appuyant sur tout
ce qu’il trouvait. Et tant mieux si c’était varié (en hauteur, en
densité…). Est arrivée l’impérative activité des transport d’objets,
absolument nécessaire pour le repérage dans l’espace, et que le Damoiseau allait répéter inlassablement : je déménage mes bouteilles
d’eau colorée de mon étagère au canapé, puis du canapé à mon étagère, et
ce, des dizaines de fois sans me lasser. Oui, mais cela suppose de ne
prendre appui qu’avec une main… Et puis parfois, on ne prend plus appui
du tout, l’espace d’un pas ou deux… Un jour, il a appris à
escalader (monter et descendre) et à monter les escaliers à quatre
pattes… Et il jouait, un peu parce qu’il voyait bien que cela faisait
plaisir aux adultes, à faire 2 ou 3 pas sans tomber… puis 7 ou 8 pas
sans tomber…
Moi, pendant tous ces mois, j’observais, et je trouvais cette progression plus rigoureuse que si un éminent professeur l’avait construite !
Bien sûr, comme tous les parents, j’attendais avec émotion le moment
où mon fils allait se transformer en petit bipède : c’est
indubitablement samedi dernier que tout a commencé. Car ce samedi 14
avril, Antonin a été pris d’une véritable frénésie de marche. Plus
question de faire plaisir à Papa et Maman, il s’agit cette fois d’un
véritable élan vital. Voilà maintenant 3 jours qu’il
arpente l’appartement dans tous les sens, avec une fierté et une
obstination sans égales. Oui, bien sûr, il y a encore quelques chutes,
mais il se relève instantannément, et choisit de plus en plus
spontanément ce mode de déplacement plutôt que le quatre pattes.
“Grâce à son premier pas, l’enfant parvient à un niveau plus élevé.
Si nous l’observons à ce moment-là, nous voyons qu’il a tendance à
atteindre un degré supérieur d’indépendance. Il désire agir selon sa
propre volonté, c’est-à-dire qu’il veut transporter les objets,
s’habiller, se déshabiller seul, manger par lui-même, etc… et ce n’est
pas l’effet de nos suggestions qui le stimulent. Il a en lui une
impulsion vitale.” (L’Esprit absorbant, chap. “La conquête de l’indépendance”, Maria Montessori).
C’est un moment extrêment émouvant pour nous autres
parents. On sent bien que plus rien ne sera comme avant, que le bébé est
en train de devenir petit garçon. D’ailleurs, soudain, il ne ressemble
plus vraiment à un bébé.
C’est en tout cas une nouvelle occasion de repenser les aménagements que nous offrons à notre enfant. Voici quelques idées de ce que l’on peut faire pour un enfant marcheur :
1. Si ce n’est déjà fait, lui proposer une étagère à sa taille pour ranger ses jouets.
2. Investir dans une petite chaise et une petite table,
qui peuvent se trouver aussi bien dans la cuisine, dans le salon ou
dans la chambre de l’enfant selon la place dont vous disposez. Rien ne
vous empêche d’avoir une petite table dans chacune de ces pièces,
d’ailleurs ! Elles se révèleront bien pratiques pour dessiner, faire de
la pâte à modeler ou manger dans quelques semaines. En attendant,
l’enfant apprend à s’assoir, les déplace, les escalade… bref, il se les
approprie.
3. Commencer à réfléchir à l’espace “toilette” dans
la salle de bain, qui doit être bien accessible, et pourvu des
accessoires nécessaires à l’autonomie. Je réalise en ce moment que l’escabeau
dont Antonin se sert pour accéder à notre lavabo n’est pas sûr : le
Damoiseau est trop petit pour, à la fois, se plonger dans l’activité
avec concentration et gérer son équilibre. Je songe donc à tout
réorganiser… Je vous tiens au courant ; cela se fera progressivement,
disons dans les deux mois à venir. Si vous avez des suggestions, je
prends !
No comments:
Post a Comment