Lundi dernier, Antonin et moi sommes allés chez la pédiatre pour la visite d’examen mensuelle.
Je suis toujours fascinée par les mesures que l’on opère à cette
occasion : mesure de la taille, mesure du tour du crâne (pour évaluer la
croissance du cerveau ???), pesée, décompte du nombre de repas, du
nombre de millilitres ingurgités par repas, décompte du nombre de
siestes par jour, du nombre de nuits sans réveil effectuées chaque
semaine … Finalement, qu’est-ce que tout cela nous dit sur le bébé ? Pas
grand chose, n’est-ce pas ….
Et puis il y a le temps du questionnaire sur les capacités de
l’enfant, car évidemment, ce n’est pas face à cette grande dame en blanc
que la prunelle de nos yeux dévoile toutes ses neuves capacités. Lundi,
j’ai donc eu droit aux questions suivantes :
“Et les mots ?”
LES MOTS ? Ou peut-être “les maux” ? Je n’ai pas bien compris, là …
“Nan, mais est-ce qu’il parle ?”
PARLER ? Mais, il vient d’avoir 6 mois, ma bonne dame ! Je veux bien
que certains enfants soient hyper-précoces, qu’on me fasse sentir à la
moindre occasion que le mien n’est pas dans les normes, mais tout
de même ! Je ne connais aucun enfant qui parle à 6 mois, moi !
“Nan, mais bon, quels sons produit-il ?”
Ah, désolée, mais je ne tiens pas un carnet des phonèmes produits par mon enfant :
“Lundi : ADADA ; Mardi : Je crois qu’il a fait “on” mais c’était
peut-être “an” ; Mercredi : “MMMMM”, clairement perçu. Serait-ce le
début de MMMMaman ? Très certainement. Il ne va quand même pas me faire
le coup de commencer par un autre mot, ce cher ange … etc.”
Non mais franchement.
Deuxième question : “Est-ce qu’il s’assoit ?”
Ah, chouette, celle-là je sais répondre : “Non”.
“NON ?”
“Ben non, il ne s’assoit pas.”
“Nous allons voir ça.”
Alors, le médecin a pris le bébé, et l’a mis elle-même dans cette position-là :
Elle l’a lâché. Antonin a eu l’air un peu inquiet, et s’est bien
gardé de bouger : pas fou, le bébé. C’est une position qu’il ne maîtrise
pas, il ne sait pas y entrer, il ne sait pas en sortir.
“Si je bouge, je me casse la binette dans un gouffre sans fond”, semblait-il dire, concentré et apeuré.
Le médecin fut fort satisfaite et écrivit sur son carnet : “S’ASSOIT EN TRÉPIED“.
("En trépied", ça veut dire qu’on oblige les bébés à prendre des positions inconfortables pour lesquels ils ne sont pas prêts.)
Nous sommes ensuite rentrés à la maison, avec cette vague impression
d’avoir passé un examen (mention passable de justesse) et contents
d’être tranquilles pour un mois.
Deux heures plus tard, Antonin faisait ça :
Non mais, est-ce que j'ai une tête de trépied ? |
Ce n’était pas dans le but d’avancer, non mais euh, encore une idée
de médecin, ça ! Non, c’était juste pour prendre un peu de hauteur. Sur
le coup, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir peur, mais il est resté comme
cela quelques instants, puis s’est laissé retomber très souplement.
Pendant deux jours, il n’a pris cette position que sur des espaces mous
(son lit, notre lit), et depuis hier, il s’y entraîne au sol, avec
beaucoup de succès.
Un beau pied de nez : elle n’avait pas pensé à poser cette question-là , la doctoresse ! 😄