Cinq mois, y’a pas à dire, c’est une étape. Antonin commence à sentir dans son corps qu’il a, en puissance,
la capacité de s’asseoir, de ramper, de marcher à 4 pattes et même sur
ses deux jambes ! Seulement voilà : il ne le peut pas encore en acte. Et c’est la découverte d’un sentiment très désagréable, mais qui sera le moteur de bien des apprentissages : la frustration.
En tant que parent, c’est parfois difficile, face aux pleurs de son enfant, de bien avoir en tête le fameux adage montessorien “Aide-moi à faire seul !”.
Pas question de coller dans la main du petit l’objet vers lequel il
tendait en râlant : je vous parie qu’il le rejettera en pleurant. Car ce
qui l’intéresse, ce n’est pas de l’avoir, mais c’est d’arriver à l’avoir seul
! Mon truc à moi (mais il y en a des tonnes d’autres) : je plaque ma
main sur la plante de ses pieds pour qu’il puisse pousser dessus et se
grandir de quelques centimètres. Et voilà ! Dans la main, cette Sophie
la girafe qui paraissait inaccessible ! (puis dans la bouche assez vite,
d’ailleurs, c’est si bon le caoutchouc qui a traîné partout !)
Antonin joue seul sur des temps qui me semblent être
assez longs. Bon, il y a des jours où il a besoin d’énormément
d’attention : par exemple, hier, après le retour de vacances, son papa
fut absent toute la journée alors qu’il avait pris l’habitude de le voir
à chaque instant pendant 10 jours. Antonin n’a pas voulu rester seul un
seul instant. Il a eu besoin d’être beaucoup dans mes bras, et pleurait
pour un rien (ou pas grand chose). J’en ai pris mon parti, et
aujourd’hui, je retrouve le petit garçon autonome que je connais.
Attention : pas question de “coller” l’enfant dans son aire de jeu et de le plaquer
pour aller faire sa vaisselle. La vaisselle attendra, sans quoi le
petit aura vite fait la liaison entre “l’aire de jeu” et “l’absence de
Maman”. Il convient de passer du temps avec lui autant qu’il le souhaite
: c’est de notre disponibilité que dépend sa capacité à rester seul un moment. Il regardera, explorera et gazouillera en tête à tête avec ses jouets familiers d’autant mieux que vous l’aurez fait avec lui (et beaucoup).
Antonin me semble assez actif : même dans les
moments de contemplation les plus intenses, il bouge généralement au
moins une partie de son corps. Il est amusant de constater qu’il a des “phases”
: il a eu la phase des “Je claque mes lèvres l’une contre l’autre”,
puis celle des “ADADADADADA”. Il a eu la phase des “Je me retourne du
ventre sur le dos et du ventre sur le dos” et celle des “Je m’étire de
tout mon long pour saisir un objet”. On observe la même chose dans les
classes Montessori, où les enfants sont libres de choisir leurs
activités : dès qu’ils maîtrisent une notion ou un geste, dès que
l’activité ne peut plus rien leur apporter, ils passent à autre chose.
Bien sûr, ce n’est pas linéaire, et ils éprouvent parfois le besoin de
revenir en arrière pour consolider un acquis (quel bonheur de retrouver
les “ADADADADA” qu’on n’avait pas pratiqué depuis une semaine !).
Allez, Damoiseau ! Tu vas y arriver ! |
Antonin a cinq mois ! C’est beaucoup, et c’est peu en même temps ! Dire qu’il y a six mois, donc, nous nous réveillions sans ses babillages du matin ! Qu’est-ce que six mois dans ma vie à moi ? Pas grand chose, n’est-ce pas ? Et pourtant, j’ai l’impression qu’il a toujours été là.
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